Enea Bastianini peut sportivement être heureux de sa saison 2022 de MotoGP, même si, pour le moment, il n’est pas encore économiquement satisfait avec cette prime au podium final qu’il faut encore aller chercher. Il compte bien atteindre cet objectif au terme d’un Grand Prix de Valence dont l’ironie veut que, pour cette fois, il pourra aller chercher la victoire sans le moindre frein. Car il priverait ainsi des 25 points dont Fabio Quartararo a impérativement besoin pour envisager de garder sa couronne. Il rendrait ainsi un bon service à son futur équipier en 2023, soit Pecco Bagnaia, avec lequel il entrevoit ainsi la suite dans le même box…

N’en déplaise à Jorge Martin, Enea Bastianini n’a pas été choisi par hasard ou suivant une sensibilité nationale par Ducati pour porter ses habits rouges en lieu et place de Jack Miller aux côtés de Pecco Bagnaia. On rappellera en effet qu’il compte cette année quatre victoires (Losail, Austin, Le Mans, Aragon) et deux podiums (Misano et Sepang) qui sont déjà une excellente carte de visite pour entrer dans l’usine Ducati.

Par ailleurs, à jouer les fortes têtes et avec les nerfs du staff Ducati en cette fin de campagne où le titre mondial des pilotes est encore en jeu parce qu’il a privé Bagnaia des cinq points de la victoire en Aragon, il montre aussi de quel bois il se chauffe : « quand tu te bats avec un compatriote, avec qui tu devras partager le box l’année prochaine et qui court pour le titre, quelques idées d’avenir te traversent l’esprit. Je ne me suis pas retenu, mais j’avais aussi les yeux tournés vers l’avenir » dit-il, montrant ainsi son discernement, mais avouant également clairement son sentiment de supériorité envers ce futur équipier qui devrait ainsi une partie de son succès à sa bienveillance.

Cela étant dit, Enea Bastianini devra faire montre d’une autre force de caractère qui est celle qu’il puisera dans sa capacité à s’adapter à un nouvel environnement. Car ce qui l’attend à l’usine Ducati sera bien différent du cocon familial actuellement vécu chez Gresini. Et il sera seul car son chef mécanicien Giribuela, qui connait pourtant bien la maison rouge pour y avoir travaillé avec Dovizioso ne sera pas dans ses bagages. « Quand tu arrives dans une équipe officielle, tu dois adapter ta façon de travailler. Ce ne sera pas facile au début pour lui » dit d’ailleurs celui qui s’en ira rejoindre KTM. « L’atmosphère ? Ce ne sera certainement pas facile. Il devra faire de son mieux. Bien sûr, ce sera différent de maintenant, car il a une personnalité différente ».

Enea Bastianini ließ Pecco Bagnaia wenig Luft

Enea Bastianini : « non, il n’y aura pas de mur« 

Un cap à passer qui est même mentionné par Pecco Bagnaia : « je dirais que c’est une situation différente parce que c’est une personne différente. Lorsque vous entrez pour la première fois dans une équipe d’usine, vous devez vous adapter au travail avec tous les ingénieurs. Ce ne sera pas facile pour lui dans les essais, mais ce sera pareil pour lui en championnat. Comme toujours, il s’agit de votre coéquipier qui est la première personne que vous voulez battre », a-t-il déclaré à la fin. « Ça a toujours été comme ça, et ce sera comme ça avec nous ».

De son côté « Bestia » évalue ainsi la donne : « je pense que ce sera amusant, mais aussi un défi. Je vais devoir m’adapter à la nouvelle moto et à la nouvelle équipe, les premières courses ne seront pas faciles, mais je me sens préparé et compétitif… Pour moi, avoir Pecco dans les stands sera un coup de pouce supplémentaire pour faire encore mieux ». Et comme Bagnaia est issu de la VR46 Académie de Valentino Rossi, il ajoute malicieusement : « non, il n’y aura pas de mur. Nous ne sommes que deux pilotes qui, je pense, sont très forts et veulent toujours gagner ».

Le mot de la fin sur ces spéculations au sujet de cette future relation revient au pilote test MotoGP de la marque de Borgo Panigale : Michele Pirro : « il faudra du respect et il ne faudra rien faire de stupide, parce qu’il y a une entreprise derrière ça, tellement de gens, vous n’avez pas à penser qu’à vous-même. Mais ils sont tous les deux intelligents, on va s’amuser ».

Une petite blague après la bagarre en piste : Bagnaia et Bastianini en Parc Fermé