La particularité de cette saison chez Yamaha ne tient pas seulement dans le fait d’un nouveau team satellite qui a bourse déliée pour se payer une M1 de l’année. Il y a aussi cette structure d’essai européenne, voulu par les pilotes officiels Rossi et Viñales, adoubée par la firme aux diapasons et dont la mission est d’assurer la liaison entre l’équipe d’usine et le Japon. Jonas Folger en est l’acteur. Comme ça, le scénario paraît limpide. Mais apparemment, il y a comme un malentendu…

Y-aurait-il de la friture sur la ligne entre Jonas Folger et Lin Jarvis, général sur le terrain des troupes Yamaha en MotoGP ? Lorsque la structure d’essai Yamaha a pris forme, avec, dedans, un Jonas Folger souhaité notamment par Valentino Rossi et son équipier Viñales, les ambitions et les espérances n’étaient pas feintes. Et pour cause : on parlait déjà d’une paire de Grands Prix possibles à disputer comme invité. Avec, pourquoi pas, une escapade au Grand Prix d’Allemagne sur un Sachsenring où Folger avait si bien brillé avant son « Burn out ».

Mais depuis, il y a eu les tests de Sepang. Qui ont fait retomber le soufflé. L’Allemand de 25 ans n’a pas tourné durant tous les jours disponibles et il a partagé sa moto avec l’un des pilotes d’essais japonais, Katsuyuki Nakasuga, âgé de 37 ans, et le pilote du Championnat du Monde d’Endurance, Kohta Nozane.

Pire, il a été refusé à Folger l’opportunité d’aller taquiner le chrono. Si bien qu’il est resté à trois secondes du meilleur temps réalisé par Petrucci sur la Ducati. Le prochain test est prévu pour avril, au Mugello ou à Misano. Une éternité…

La déception de l’ancien équipier de Johann Zarco chez Tech3 a été ressentie chez Yamaha. Et par Lin Jarvis qui éclaire ainsi la situation sur Speedweek : « à Sepang, Jonas était seulement autorisé à faire des allers-retours, à tester de nombreux composants électroniques et à améliorer le frein moteur. Il ne se sentait pas très à l’aise au début des essais sur la moto, car il utilisait une configuration qui convenait mieux aux autres pilotes. C’était un peu similaire au Championnat du Monde d’Endurance, où vous devez aussi piloter une moto qui a été réglée pour un autre coéquipier ».

« Cela n’a pas si bien fonctionné pour Jonas. En fin de compte, nous avons décidé de mieux adapter la machine à son style de pilotage afin qu’il puisse la mener plus confortablement. Pour autant que je sache, il a fourni de bons retours ».

Le même Jarvis précise : « l’équipe test a besoin de plus de temps. Quelques pilotes ont été incroyablement rapides lors du test … Nous savons que Jonas a probablement le potentiel pour piloter plus vite. Mais sa mission à Sepang n’était pas de faire des tours rapides. Son travail consistait à faire beaucoup de tours, à nous faire part de ses commentaires et à essayer de nouvelles pièces. L’équipe de test européenne devrait construire un pont entre le Japon et l’Europe. Parce qu’en 2018, nous avons testé dans l’usine des composants qui ne fonctionnaient pas. Valentino et Maverick ne sont pas censés faire le travail des pilotes d’essai ».

Un travail de fond qui semble interdire toute idée de participation à un Grand Prix comme « wild-card » : «je ne sais pas, franchement. Nous n’avions pas prévu cela » avoue Jarvis. « Ce n’est pas notre mission. Si nous découvrons plus tard dans l’année que les choses vont bien, mais que cela pourrait aider notre programme que Jonas fasse l’une ou l’autre des courses, alors nous y réfléchirons. Par exemple, s’il y a des pièces pour 2020 à tester dans la course. Nous ne pouvons pas utiliser une mise à jour sur le moteur, mais nous pourrions essayer d’autres choses. Je ne sais pas. Il n’y a pas de plan pour le moment. Nous devons attendre ».

Lin Jarvis termine : « nous devons également attendre de voir comment Jonas joue ce nouveau rôle. C’est un nouveau scénario pour lui. C’était un pilote de course, puis il s’est arrêté. Maintenant, il est revenu en tant que pilote d’essai. Il est trop tôt pour juger de cette nouvelle situation, pour lui et pour nous, je pense. Mais nous sommes heureux avec lui. Et nous sommes heureux d’avoir lancé ce nouveau projet ».