Champion du Monde Supersport en 2002 avec Ten Kate, Fabien est actuellement ambassadeur pour Kawasaki. C’est la marque avec laquelle il vient d’être quatre fois de suite le coach du Champion du Monde Superbike Johnny Rea. Il assiste également Lucas Mahias sur le plan psychologique. Il gère aussi en Supersport 300 les carrières des jeunes Manuel Gonzalez (leader du Championnat), Filippo Rovelli et Tom Edwards au sein du Kawasaki ParkinGo Team.
Ce week-end est un peu particulier car Fabien rejoint l’équipe d’Eurosport au Mans pour commenter les 24 Heures. Fabien, ne l’oublions pas, a remporté le Bol d’Or en 2000 avec Yamaha, ainsi que le Bol en 2015 et les 24H en 2013 et 2016 avec le Team Kawasaki SRC.
Tout d’abord Fabien, pourquoi cette envie de commenter les 24H pour la télé ?
« C’est une opportunité qui s’est présentée à la suite d’un appel de Gilles Della Posta. C’est une nouvelle expérience, après que j’ai commenté un peu en Superbike. C’est différent mais j’aime bien découvrir de nouvelles choses ».
En tant que coach du Champion du Monde Superbike Johnny Rea, comment as-tu vécu la domination d’Alvaro Bautista et de Ducati en début de saison, après quatre années de supériorité ininterrompue de Johnny Rea et de Kawasaki ?
« Ce n’est évidemment pas quelque chose de simple, même si forcément il fallait s’attendre à ce que ça arrive un jour. On a suffisamment les pieds sur terre pour savoir que ça allait se produire un jour ou l’autre ».
« Que dire de plus ? La saison est encore longue, donc même si aujourd’hui sa domination nous laisse présager une saison difficile, on n’est pas du genre à lâcher prise comme ça. Beaucoup de choses peuvent encore se passer, comme une course où il peut éventuellement y avoir de la pluie, ou une casse moteur. Donc même s’il a bien débuté ce début de saison, nous on restera motivé jusqu’à la fin ».
En quoi Bautista et la Ducati ont-ils l’avantage ?
« Bautista a excellé en s’adaptant au mieux aux Pirelli qu’il trouve faciles parce qu’il y a un retour d’informations beaucoup plus simple à interpréter que chez Michelin ou Bridgestone. Donc forcément c’est plus facile de pousser à la limite ».
« Et puis ça reste un pilote dans le top 10 en MotoGP ! C’est un top pilote, et la moto n’en parlons pas. Elle est très puissante aujourd’hui, donc forcément ça complique un peu plus les choses ».
« Johnny a trouvé un pilote de son calibre. Je pense sincèrement que c’est le seul pilote qui ait le même niveau. Peut-être qu’ensuite c’est la puissance qui fait la différence ».
Quels sont vos moyens de réagir ?
« Les moyens sont limités. Le matériel est utilisé au maxi et il n’y a pas aujourd’hui d’évolution possible sur une moto qui a cinq ans. Elle est régulièrement actualisée, notamment sur l’électronique qui est un point où on peut faire, peut-être, encore un petit bond en avant. Pour le moment il n’y a rien de prévu qui laisse présager un énorme progrès au niveau des performances ».
La Ducati est règlementaire, elle est homologuée par la FIM. Donc n’est-il pas difficile de critiquer sa présence ?
« Il y a des constructeurs qui fabriquent des motos pour la route, puis qui les améliorent pour les homologuer pour la piste. D’autres prennent le problème à l’envers et adaptent des motos de course pour la route ».
« Mais les performances de la moto ne font pas tout : on voit bien que Chaz Davies a plus de mal à être aux avant-postes. Il n’y a pas que la moto, bien entendu ».
Comment progressent en SSP300 tes élèves Manuel Gonzalez, Filippo Rovelli (le fils du patron de ParkinGo Giuliano Rovelli) et Tom Edwards ?
« J’ai un Espagnol, un Italien et un Australien. Manuel Gonzalez a gagné les deux premières courses, il a 16 ans, il est très mature pour son âge. Il a tous les ingrédients pour faire un bon Championnat, et c’est certainement un pilote en devenir. Je me régale de travailler avec ces trois pilotes qui ont du potentiel ».
« J’apprécie beaucoup aussi de collaborer avec Lucas Mahias. C’est plutôt pour le côté psychologique que du bord de piste ».
Estimes-tu que la catégorie SSP300 ait évolué par rapport à l’année dernière ?
« Il y a plus de jeunes pilotes brillants aux avant-postes, les courses sont plus serrées, le niveau est plus élevé. Quant au matériel, je pense qu’ils ont bien nivelé les performances des machines. Il y aura toujours quelqu’un pour critiquer, mais on se rend compte que les Yamaha, KTM et Kawasaki sont en mesure de se battre ensemble. Donc de ce côté-là, je pense que ce n’est pas mal également. C’est toujours mieux que les 250 tours enlevés sur la Ducati qui ne riment à rien ».
Photo ci-dessus : Fabien Foret, Filippo Rovelli et Giuliano Rovelli
Photos © Kawasaki Motors Europe N.V.