La RC213V pour tous est une revendication d’un club Honda composé de Crutchlow, de Lorenzo et de Nakagami. Concernant ce dernier néanmoins, ses revendications sont devenues moins audibles depuis qu’il a testé la version 2019 à Barcelone aux côtés de Marc Márquez. Ce qui lui a donné un autre statut. Et ouvert des ambitions. Mais le sujet demeure. Surtout lorsque pendant ce temps un Marc Márquez gagne et collectionne les titres avec. Mick Doohan apporte sa voix au débat avec son regard d’antan qui reste édifiant…

Mick Doohan était des 60 ans de compétition en Grand Prix que fête le constructeur Honda cette année. Le team usine est aujourd’hui composé de Marc Márquez et de Jorge Lorenzo qui devaient formés un duo de rêve. Mais pour l’un des deux, cette saison est un cauchemar éveillé. La récente blessure, assez grave, a remis aux calendes grecques la recherche d’une conception différente pour calmer la bête du HRC. Cependant, le vétéran australien aime à rappeler que le sujet n’est pas nouveau…

Ce serait même une tradition perpétuée du côté de Tokyo. Il explique : « cette moto actuelle n’est pas facile à piloter et Marc a développé son propre style. Il a commencé avec et il est totalement concentré sur son pilotage tandis que Jorge n’a pas trouvé la confiance dont il a besoin pour atteindre 100%.  Malheureusement, il a dû faire face à un accident. Il s’efforce de trouver les bonnes sensations comme il le faisait auparavant avec Yamaha. J’ai aussi conduit une Yamaha au début, et je sais à quoi ça ressemble ».

Il développe : « la Honda est une moto difficile, vous devez la piloter de manière agressive. La Yamaha est plus « humaine ». La Yamaha a toujours été une moto qui roule bien, mais Honda est traditionnellement une moto plus dure. Avec Honda, vous devez être agressif pour prendre des virages, comme Márquez. La M1 est plus « humaine » et il suffit de voir Quartararo piloter pour le réaliser ».

Doohan n’hésite pas à parler de sa propre expérience pour illustrer ses propos : « le premier NSR500 que j’ai eu était un animal. J’ai la plus haute estime pour Lawson et son talent. J’ai piloté une Yamaha lors d’un test, mais lorsque je suis passé à Honda je me suis retrouvé devant un animal complètement différent. La Honda prenait beaucoup de tours, mais elle ne tenait pas dans les virages, elle ne s’arrêtait pas, car elle secouait tellement le cadre que les plaquettes s’éloignaient du disque. Vous deviez donc appuyer sur le levier deux ou trois fois pour le ralentir ».

« Quand Eddie Lawson a remporté le championnat du monde en 1989, croyez-moi, c’était un très bon résultat, c’est pourquoi j’ai le plus grand respect pour lui et son talent. Pensez que Honda a fabriqué jusqu’à 11 châssis cette année-là. Je me suis arrêté à 4. À la fin de cette saison, la moto avait complètement changé. Elle s’était améliorée ».

« Mais c’était une expérience effrayante. En même temps, cela m’a fait grandir en tant que pilote » termine Doohan. « Comme dans le cas de Marc, vous ne pouvez pas vous plaindre et pleurer, au lieu de cela, vous devez élever la barre et devenir un meilleur pilote, se mettre au niveau. C’est ce que font les bons pilotes. Vous devez pousser la moto au-delà de ses limites, au-delà de ce que la moto elle-même accepte de faire ». Ce qui n’est évidemment pas sans risque…