On ne sait quand elle commencera, et, pour tout dire, au fur et à mesure que les jours passent, on espère qu’elle débutera malgré tout… Ce qui veut dire qu’un doute pointe à l’horizon… De quoi s’agit-il ? De la saison 2020 de MotoGP qui, si elle devait ne jamais se dérouler, remettrait tous les accords passés en cause. Mais nous n’en sommes pas là. Pour le moment, c’est heureusement une campagne courte et intense d’environ quatre mois qui est envisagée pour une dizaine de courses. Un format et rythme qui seront inédits tant pour les organismes que pour la gestion technique des motos. Le directeur sportif du team Avintia Ruben Xaus est aussi un ancien pilote et il peut donc donner son avis sur ces deux aspects. Et il mérite que l’on s’y attarde…

Ruben Xaus est le directeur sportif d’un team Avintia qui est économiquement le maillon faible de la grille de départ MotoGP. Autant dire que la situation actuelle confinant le paddock dans ses quartiers ne le réjouit guère. Une conjoncture compliquée qu’il résume ainsi : « si le championnat ne démarre pas, vous ne pouvez pas demander aux sponsors de payer. C’est un problème surtout pour les équipes privées, car nous sommes plus faibles. »

Il faut donc courir et l’ancien pilote WSBK Ducati imagine ainsi le meilleur scénario possible : « entre juillet et septembre, si nous commençons en août, nous ferons 4 mois de compétitions, 3 courses par mois. J’en serais plus qu’heureux, cela veut dire 12-14 compétitions. » Un format inédit qui aura ses conséquences sur les pilotes et les motos.

Ruben Xaus commence son analyse sur les pilotes : « tout le monde a perdu le rythme et cela met tout le monde au même niveau. Cet arrêt est plus positif que négatif par rapport aux autres équipes » juge-t-il par rapport à son équipe. « Cette année, il sera non seulement important d’aller vite sur la moto mais aussi de ne pas se blesser, car les MotoGP sont dangereuses et vous pouvez vous blesser facilement. »

Une telle explosivité sera un handicap pour certains, et un avantage pour d’autres… Ainsi, quid de Valentino Rossi ? « Chaque année qui passe tu vieillis, comme moi. Je m’entraîne, je suis en forme mais quand je m’entraîne alors je dois prendre deux jours pour récupérer. Il y a vingt ans je m’entraînais trois fois par jour, sept jours par semaine, 365 jours par an et je ne m’en rendais même pas compte. L’ADN de Valentino, même s’il est en forme, est un ADN similaire au mien, il souffre des mêmes choses que moi. »

 

 

 

« Il ne faut certes pas le sous-estimer, pour moi il fait des choses que je ne peux pas faire, mais je suis aussi sûr qu’avec ces courses d’affilée, il souffrira beaucoup plus. Même l’année dernière avec deux courses de rang, il était plus fatigué dans la deuxième course. Si vous faites trois courses par mois, pendant quatre mois, je vois ça dur. Je ne sais pas comment il va le prendre et je ne sais pas comment il s’entraîne pour un tel championnat, mais ce sera un championnat très physique. »

Du coup, les plus jeunes seront compétitifs : « la jeunesse a un avantage aujourd’hui, car les jeunes pilotes peuvent faire 80 courses d’affilée et ne pas en souffrir. Le risque est de se blesser et de rater trois courses car le championnat prendrait fin. Mais on ne peut pas non plus terminer cinquième à chaque course. Les jeunes auront un avantage s’ils font peu de chutes car ils seront en mesure de maintenir leur condition physique. Quartararo est l’un des meilleurs pilotes, il va vite et la Yamaha est la plus facile à piloter. Mais vous avez Dovizioso qui a de l’expérience et un gros physique. »

Un Dovi qui aura une Ducati, moto qui pourrait également tirer un avantage technique de cette saison réduite et intense… « Peut-être qu’avec moins de courses, Ducati pourra moins limiter son moteur. S’il y a 13 courses et que le nombre de moteurs par règlement reste le même, peut-être que Ducati peut augmenter le régime moteur de 500 tr/min, ils iront plus vite. »

En conclusion, Ruben Xaus établit ainsi le nouveau rapport de force sur Sky Sport : « si vous faites des courses très serrées, Márquez est le favori, avec Quartararo. Viñales est également allé fort, il sera aussi intéressant d’évaluer comment réagiront à la prochaine course les pilotes qui auront eu une mauvaise expérience la semaine précédente. Márquez et Quartararo se sont toujours remis assez vite, ces deux-là sont les plus forts. Dovizioso peut être là car avec moins de courses le moteur Ducati peut être plus puissant. Pour moi aujourd’hui, les équipes les plus fortes sont celles de Márquez, Ducati et Quartararo car il met du gaz. » Vivement que l’on s’y mette !