En ce dimanche 9 août, Fabio Quartararo a répondu aux questions des journalistes depuis Brno après un Grand Prix de la République Tchèque beaucoup plus difficile que sa qualification en première ligne pouvait laisser penser.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les commentaires du pilote français qui occupe actuellement la 1e place du championnat du monde.

Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Fabio Quartararo, sans la moindre mise en forme.


Fabio Quartararo : « c’était très dur ! Honnêtement, je ne m’attendais pas à une telle dégradation du pneu car en FP4 nous avions fait un grand pas en avant alors que de la FP1 à la FP3, mon rythme avait été très mauvais. Après cela, j’étais heureux car cela me faisait croire que je pouvais me battre pour le podium et la victoire. Mais dès le premier tour, j’ai vu que le potentiel du pneu arrière était très mauvais et cela a été très difficile de gérer le pneu durant la course. J’ai dû piloter d’une façon totalement différente de la FP4 et ce n’est pas normal que certain pilotes comme Brad soit plus rapide que moi d’une seconde dans le dernier tour alors qu’il menait de cinq secondes. Nous devons donc voir où se situe le problème, même si d’autres pilotes, comme Maverick, comme Dovi, comme Jack, ont connu le même sort. Une course difficile mais je suis heureux pour l’équipe pour le premier podium avec Franco. »

Il semble que quand Viñales souffre, vous souffrez, et que c’est la même chose pour Morbidelli avec Rossi. Y a-t-il une explication à cela ?

« Je n’ai aucune idée là-dessus mais il est vrai que dans une course où nous avons beaucoup plus d’adhérence, nous sommes un peu plus rapides avec Maverick, et quand il y a moins d’adhérence, ils sont un peu plus rapides. Mais aujourd’hui, ce n’était pas un peu ! Normalement, il n’y a pas une telle différence et ce sont des petits détails, ce qui peut arriver. Mais il y a certaines courses, comme Motegi l’année dernière, où j’ai fini deuxième et je me suis senti très fort. Il est donc difficile de dire que quand Franco peine, Rossi peine. Je pense il s’agit seulement des circonstances et du pneu que vous avez choisi pour cette piste, ou pas. »

Nous avons vu KTM progresser course par course, et maintenant obtenir sa première victoire. Comment expliquez-vous cela ?

« Avant tout, je pense qu’à la fin du confinement KTM a fait beaucoup de test à Brno et en Autriche. Je pense aussi que Michelin a travaillé avec eux pour choisir le bon pneu pour cette course. Je ne sais pas combien de jours d’essais ils ont eu avec Dani, mais je pense qu’ils savaient quel pneu était bon pour la course avant le début du week-end, et je pense que Michelin a apporté le bon pneu en se basant sur ces tests. Ils avaient donc déjà beaucoup d’expérience avant le Grand Prix. »
« Nous savons que nous avons eu de grandes difficultés dans cette course l’année dernière, l’une des plus difficiles avec Aragón. Donc oui, on a vu que Brad a fait une course incroyable, et il mérite bien sa place dans une équipe d’usine. Et c’est encore un rookie alors qu’aujourd’hui, il semblait qu’il avait déjà dix ans d’expérience sur la moto. Un grand bravo à lui, il a fait une course fantastique ! »

Était-ce un pneu défectueux, ou le pneu a-t-il une influence énorme sur vos performances ?

« Oui, c’est vrai qu’il y a des différences énormes. Mais je pense que KTM a été le plus fort ce weekend. Comme je l’ai dit, ils ont beaucoup testé et Michelin a apporté les meilleurs pneus. Bien sûr, c’était les meilleurs pneus pour eux. Donc oui, c’était difficile pour nous car nous ne nous attendions pas à une course comme celle-ci. Nous savons qu’ils ont déjà testé en Autriche. Pas seulement Brad, pas seulement Dani, mais tous les pilotes KTM. Nous devons donc faire attention et être très malins pour prendre beaucoup de points. Nous verrons, mais ce n’a vraiment pas été facile de faire la course aujourd’hui. Cela a définitivement été la course la plus difficile de ma carrière en MotoGP. »

Que pouvez-vous apprendre de la course d’aujourd’hui ? Et, durant la course, saviez-vous où se situaient Maverick et Dovi ?

« Non, non, non. J’étais trop occupé à rester sur mes roues pour regarder où étaient Maverick et Dovi. Apprendre d’aujourd’hui ? C’est difficile parce que nous avons eu un long débriefing avec mon chef d’équipe et mes ingénieurs pour voir où nous avions fait des erreurs. Je pense que nous avons commis quelques erreurs ce weekend, mais pas si énormes pour finir dans ce genre de position. Honnêtement, je me suis senti vraiment mal en course, mais je me suis senti plutôt mal tout le weekend, mais nous avons fait un pas en avant en FP4. Mais en course, nous avons reculé de deux pas en arrière. Demain, nous devons bien analyser un tas de datas avec mon chef d’équipe et mes ingénieurs car c’est très important. Il est très difficile d’accepter cette sorte de résultats, mais nous étions à la limite du premier au 21e tour, et je pense qu’il est plutôt bien de ramener neuf points dans ce genre de situation. »

À quel point est-ce difficile de passer de deux victoires consécutives à un résultat comme celui-là ?

« Cela a été très dur. Comme vous le dites, vous venez de deux victoires consécutives, où vous avez mené avec cinq seconde et huit secondes d’avance, vous vous attendez à être là et à vous battre pour la victoire. Et après la FP4, j’étais là pour me battre pour le podium. Je n’avais pas le même rythme que Jerez mais dès le troisième virage où j’ai beaucoup glissé de l’arrière, je savais que le pneu était très mauvais. Enfin, pas le pneu, pas mon pneu, mais le choix en rapport avec le tracé. Pour être honnête, je ne sais pas comment Brad et Franco ont pu conduire un tel rythme. »
« Donc oui, en termes d’émotions, il était difficile de rester calme lorsque Rins, Vale et Oliveira me dépassaient. Mais honnêtement je ne pouvais rien faire, ils m’ont dépassé et j’ai juste pensé : « OK ». Je ne pouvais pas vraiment me battre. Il y a des courses où vous ne pouvez pas suivre et vous savez pourquoi. Mais maintenant il faut analyser le pourquoi non. Nous verrons. »

Qu’est-ce que Franco a mieux fait que vous ce week-end ?

« C’est très étrange, car durant le week-end, et durant l’année dernière, Franco brûlait plus le pneu que moi sur pas mal de circuit. Disons « pas brûlait » mais usait un petit peu plus les pneus que moi. Donc c’est très étrange que dès la FP1 Franco ait eu un rythme incroyable et était là pour se battre pour la victoire. Son style de pilotage est vraiment similaire au mien, et j’ai même un peu moins forcé sur l’accélérateur. Mais la dégradation de mon pneu était bien plus grande que la sienne. Ce n’est pas facile à comprendre. A chaque fois que nous venons à Brno, c’est une situation étrange. C’est un beau circuit mais, chaque année, le revêtement se dégrade : nous courons sur un circuit de motocross ! Nous verrons l’année prochaine, mais honnêtement je suis heureux d’être resté sur mes roues. »

Il y a quand même des choses utiles à retirer de ce weekend, car vous augmentez quand même votre écart avec Maverick et Andrea…

« Oui, quand vous sortez de deux victoires, vous arrivez en vous disant que vous voulez vous battre pour la victoire. Mais il faut garder les pieds sur terre, même si mes deux pieds sont absolument sur terre. Après deux victoires, il n’est pas facile d’être satisfait d’une septième place. Une septième place n’est pas le meilleur résultat mais je sais que l’année dernière, si j’avais été dans ce genre de situation, j’aurais attaqué davantage et peut-être chuté. Aujourd’hui, je savais que ce n’était pas possible. Je pense que c’est négatif d’être septième, mais c’est positif de savoir que l’on peut pas toujours être premier tous les week-ends. »

Est-ce positif de vous retrouver très rapidement en Autriche, sans avoir vraiment le temps de ressasser cette course et ce problème ?

« Pour moi, c’est bien, mais ce n’est pas un problème : c’est de l’expérience. Même pour mon chef d’équipe, c’est bien de travailler, car il acquiert de l’expérience, également pour l’année prochaine. Il est important de savoir si vous avez commis une erreur ou pas. Et je sais que mon chef d’équipe, quand il fait une erreur, il se mange les doigts durant toute la journée. Donc je sais que quand il fait une erreur, il apprend de cela et j’apprends de cela. Actuellement, notre relation est très bonne et je crois que c’est pour cela que nous avons pu faire beaucoup de podiums l’année dernière. Nous faisons vraiment un très bon travail avec mes ingénieurs et mon chef d’équipe, et je suis très heureux de cela. Nous allons travailler dur et regarder les prévisions météo, car il semble qu’il puisse y avoir du soleil, pleuvoir et être couvert. Je n’ai pas regardé s’il allait y avoir du vent et de la neige (rires), mais je suis très heureux de retourner en Autriche qui est une piste que je connais. Je suis très impatient d’y être, en sachant qu’après ces deux courses peut être difficiles, nous irons à Barcelone. »

 

Classement du Grand Prix de la République Tchèque MotoGP :

Crédit photo et classements : MotoGP.com