Lors des tests au Qatar, Aprilia a équipé une de ses MotoGP d’un tube de Pitot, instrument aussi largement utilisé en aviation qu’en F1, d’où vient Massimo Rivola, le patron du team de Noale…

Le tube de Pitot, qu’est-ce que c’est ?
Inventé par Henri Pitot au 18e siècle, son principe est simple. Prenez une paille coudée et plongez-la dans un torrent, face au courant : L’eau va remonter dans la partie verticale de la paille, d’autant plus haut que le courant sera rapide. Cela devient donc un instrument de mesure.

C’est pareil dans l’air et, en mesurant la pression dynamique exercée au bout du tube, on en déduit la vitesse relative de l’air ou, dans le cas qui nous intéresse, la vitesse de l’objet qui se déplace dans l’air.

 

 

En pratique, cela peut être un peu plus compliqué et précis avec un double tube, dit sonde de Kiel, qui possède en plus une ouverture latérale pour mesurer la pression statique, mais le principe reste le même.

Pour quoi faire ?
En aviation, il s’agit d’un instrument essentiel qui permet de connaître précisément la vitesse en fonction de l’altitude. Il a la prépondérance sur les données satellitaires et c’est pourquoi il est souvent doublé, voire triplé pour palier à une obstruction dudit tube. Tout le monde se souvient malheureusement du vol AF 447…

En F1, il sert non seulement à étalonner la vitesse des voitures mais aussi, lors des essais hivernaux, à étalonner les logiciels d’aérodynamiques, lorsque les voitures sont bardées d’un véritable mur de sondes de Pitot.

 

 

En MotoGP, ce n’est pas (encore) le cas, donc son utilité se cantonne à étalonner la vitesse de la moto. Jusqu’à présent celle-ci est calculée en fonction de la vitesse de rotation de la roue arrière, mais le pneu n’est pas un élément stable pour ce genre de calcul : Il s’use au fil des tours, en perdant alors en diamètre et en poids (jusqu’à 1 kilo lors d’une course). La pression dynamique de l’air, elle, reste uniquement dépendante de la vitesse et constitue un élément de plus pour affiner les calculs des ordinateurs.

 

 

Ci-dessous, le tube de Pitot de l’Aprilia en gros plan (avec sa protection de transport).

Verra-t-on un jour des murs de tubes de Pitot en MotoGP, comme en F1 ?
Et pourquoi pas ? Le MotoGP s’est intéressé à l’appui aérodynamique des décennies après la F1 et fait actuellement feu de tout bois, donc on peut très bien imaginer voir un jour un mur de tubes de Pitot lors d’essais hivernaux, afin de valider les résultats obtenus par informatique et soufflerie.

De plus, il reste aujourd’hui un aspect complètement inexploré dans ce domaine : Celui de l’appui aérodynamique en virage, moto inclinée. Gigi Dall’Igna se penchera-t-il un jour sur le problème ? Les tubes de Pitot seraient alors bien utiles, pour mesurer les pressions ou dépressions effectives…