En ce samedi 19 juin 2021, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes depuis le circuit du Sachsenring, au terme des qualifications du Grand Prix d’Allemagne qui l’ont vu obtenir sa 6e pole position en MotoGP.

Nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les propos du pilote français, actuellement 2e du championnat.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les paroles de Johann Zarco sans la moindre mise en forme, même si la première partie (vouvoiement) est traduite de l’anglais.


Johann, félicitations pour votre première pole position de la saison à l’issue d’une qualification à rebondissements ! Et puis bien sûr, il y a eu cette chute au virage quatre, mais c’était bien joué !

Johann Zarco : « Une très grande émotion et beaucoup d’adrénaline également, avec ce très bon chrono ! J’étais heureux d’avoir pu utiliser le pneu dès le premier tour car vous pouvez sentir qu’il y a un surplus de performance. Je n’ai pas pu bien le faire en début de qualification, mais j’ai pu le faire avec le deuxième pneu et j’en suis très heureux. J’ai été un peu surpris du chrono. J’ai ensuite essayé d’en donner un peu plus lors du tour qu’il me restait, mais je pense que j’ai un peu trop incliné la moto dans ce virage cinq, et j’ai perdu l’avant. Heureusement, ce n’est pas un virage très rapide et comme j’étais déjà incliné au maximum, j’étais déjà quasiment au sol. C’était donc juste une glissade, mais comme je l’ai dit, il y avait vraiment beaucoup d’adrénaline, à la fois à cause de l’émotion du bon chrono, la concentration et la confiance en la moto, la chute, puis la moto qui fumait dans les Airfence. J’ai vraiment demandé aux commissaires d’essayer de sortir la moto aussi vite que possible pour ne pas mettre le feu. Tout ceci réunit, plus la chaleur, j’ai eu besoin d’un peu de temps pour vraiment retrouver mon calme et mettre mon esprit en ordre. Tout était bien et c’est bien ici aussi au Sachsenring, car c’est un circuit difficile pour moi. Pour Ducati, les statistiques ne sont pas les meilleures, mais comme je l’ai dit, le potentiel est très haut donc nous pouvons avoir des surprises comme j’en ai eu une aujourd’hui. Et j’espère que demain je serai encore la plus grande surprise. »

Comment s’est passé le reste de la journée, ce matin en FP3, puis en FP4, et comment voyez-vous vos chances pour demain ?

« Penser à la victoire maintenant, ce serait vraiment optimiste car il me reste encore un gros point d’interrogation quant au rythme de course. J’ai fait un grand pas en avant entre hier et ce matin, et c’est une belle preuve du bon travail avec l’équipe. Puis j’ai terminé premier en FP4 mais parce que j’ai changé le pneu à la fin de la séance, car je souffrais beaucoup avec le pneu usé. Mais c’est toujours utile de recueillir ces informations et j’espère pouvoir demain franchir un nouveau pas avec l’équipe. C’est difficile pour nous mais je pense c’est également difficile pour les autres, et partir de la pole position me procure cet avantage d’avoir une chance, non pas de contre la course mais de contrôler un peu mes pneus et de voir si je peux être rapide ou pas. »

 

 

Souffrez-vous du syndrome des loges sur ce circuit et cela pourrait-il être un problème demain ?

« Personnellement, je suis encore exempt de toute opération (rires) mais c’est parfois assez difficile. Ce circuit n’est pas le plus difficile pour le syndrome des loges. Pour moi, le Mugello a été très dur et j’ai également pu contrôler ça à Barcelone. Donc plus je suis en confiance sur la moto, mieux mes bras se portent. Maintenant, la vitesse est vraiment de plus en plus constante, et je suis heureux de ça. Demain, nous allons souffrir avec les pneus à cause de la chaleur, mais je pense que la limite ne viendra pas des bras : Ce sera davantage la combinaison de tout. »

Nous avons vu en qualification beaucoup de pilotes qui attendaient les autres pour se faire remorquer, plus ou moins comme en Moto3. Quel regard portez-vous là-dessus ?

« Avec ces très longs virages à gauche, vous pouvez beaucoup jouer avec la vitesse de passage, et avoir une référence devant vous vous aide toujours. Comme parfois pour seulement un dixième vous pouvez gagner 5 places puisque c’est un circuit court, tout le monde essaie de gagner ce dixième. Je ne cache pas que je fais partie de ceux-là, car j’ai besoin d’une référence même si elle n’est pas très proche. Même si elle est un peu éloignée, cela m’aide quand même, et j’essaie de le faire de la bonne manière. En qualifications, je crois qu’il y a eu un moment où nous avons eu certains pilotes entre les deux derniers virages. Peut-être avez-vous vu cela et c’est vrai qu’à ce moment cela peut paraître très étrange. Je pense que dans les deux derniers virages, c’est assez délicat car vous devez alors être hyper concentré de nouveaux pour être prêt à faire le chrono. Je pense que c’est à cause du tracé que nous avons pu voir ça, car c’est un petit circuit. Si vous n’avez pas obtenu le chrono que vous vouliez au bon moment et que vous voulez quand même attendre, vous êtes déjà la fin du circuit. Donc soit vous décidez d’y aller, soit vous décidez d’attendre. Mais je pense que Fabio a eu plus de problèmes à ce sujet. »

Pensez-vous que les pénalités devraient être plus sévères en MotoGP à ce sujet, vu que vous devez servir d’exemple ?

« Comme je l’ai dit, c’est davantage un problème pour Fabio car il est pour le moment le plus rapide, donc nous essayons davantage d’être derrière lui que d’être seul. Et lui essaie d’être seul car il sait qu’il peut le faire. En MotoGP, nous sommes moins de personnes à attendre, et si nous sommes en dehors de la trajectoire, cela peut fonctionner. Et aussi en MotoGP, si vous attendez trop longtemps, vos pneus ne sont plus assez chauds et vous ne pouvez plus attaquer dans le prochain tour, donc nous sommes toujours dans ce compromis : si vous attendez trop longtemps, vous commencez à attaquer et peut-être que vous chutez dans le premier virage. Je ne sais pas comment ça se passe en Moto3, s’ils ont plus de marge avec les pneus au sujet de la chaleur, car cela fait maintenant trop longtemps que j’étais dans cette petite catégorie. Ils essaient de donner des pénalités en Moto3 car cela se produit plus souvent et il y a beaucoup de pilotes qui attendent. Nous sommes moins de pilotes à attendre en MotoGP, donc c’est difficile : je l’ai vraiment dit, en ce qui me concerne cela m’aide vraiment à franchir le dernier pas et aujourd’hui je suis en pôle position car j’ai eu une bonne référence devant moi, même si je n’étais pas juste derrière. Pour moi, cela fait quand même partie du jeu. Sinon, il y a la Superpole qui avantagera d’autres pilotes mais où nous perdrons du spectacle.
J’espère que nous n’aurons pas d’accident à cause de cela car si cela se produit, alors les choses changeront, alors que nous nous sommes en quelque sorte d’accord comme quoi ce n’est pas dangereux au point d’engendrer un accident. Nous devons continuer comme ça et c’est pourquoi nous avons aussi la Q1 et la Q2, afin d’avoir moins de personnes sur la piste. Le système n’est pas trop mauvais mais il arrive parfois que ça se produise et que ça rende nerveux d’autres pilotes qui peuvent être dérangés. »

Quel est l’aspect le plus technique de ce circuit ?

« La chose difficile de ce circuit est que vous passez beaucoup beaucoup, beaucoup de temps sur le côté gauche du pneu, et dès que le pneu devient trop chaud, il est difficile d’aller vite ou de vraiment contrôler la moto et d’avoir un bon feeling. C’est sans doute la chose la plus délicate pour la course. Pour l’attaque du chrono, c’est moins un problème car le pneu est frais et n’a pas le temps de devenir trop chaud. Dans le virage 11, c’était délicat avec l’avant et quand il faisait un peu froid, nous avions beaucoup de chutes. Cette année, nous n’avons pas eu de chute et je suis heureux de ça : Avec les pneus avant que nous avons, plus la chaleur, le virage 11 semble OK. Avant, on pouvait dire que le virage 11 était délicat, cette année non. C’est davantage le feeling dans les virages à gauche qui est difficile à contrôler. »

Aujourd’hui, Lorenzo Fellon s’est qualifié 6e. Comment évaluez-vous sa performance et pensez-vous qu’il puisse obtenir ses premiers points demain ?

« Pour Lorenzo, il a très bien roulé aujourd’hui. Hier également, il était dans une bonne énergie. C’est vraiment bien, car durant tout le début de saison il était dernier quasiment tout le temps et pas en mesure de piloter comme il aurait aimé. Et clairement, sur ce circuit, il a trouvé quelque chose. S’il marque des points demain, ce que je pense possible car si vous restez dans le bon groupe en Moto3 vous pouvez souhaiter de bonnes chose, et son problème était que lors des premières courses il n’était pas dans ce groupe. Je pense donc qu’il peut marquer des points, et s’il en marque et répète peut-être cela à Assen, cela l’aidera à passer un bel été. »

Il semble que toutes les idées que nous avions avant ce weekend soient fausses : On disait que ce n’était pas circuit pour Ducati, et vous êtes en pole position, on disait que c’était un circuit pour Suzuki mais elles peinent beaucoup, on disait que c’était un circuit pour Yamaha, mais seul Fabio a pu s’en sortir. Que se passe-t-il ? Les MotoGP ont-elles changé à ce point en deux ans ?

« Les MotoGP deviennent de plus en plus proches, et c’est pourquoi nous pouvons avoir, non pas des surprises mais des changements, car pour pas grand-chose, vous n’êtes plus à une bonne position. Je répète que le potentiel de la Ducati est très élevé, et même ici au Sachsenring des choses sont possibles. C’est donc parfait d’être en pole aujourd’hui ! Nous nous attendions à voir Marc (Márquez), au sommet, mais il l’a été vendredi et Fabio dit qu’il sera plus fort pendant la course, dont je pense c’est la seule prédiction où nous n’avions pas faux (sourires). »

Valentino Rossi a créé son académie, Miguel Oliveira son école de pilotage : Pensez-vous un jour faire pareil pour les jeunes pilotes français ?

« Penser à une école est toujours très bien, et ce qui est bien cette saison, avoir deux Français au sommet, peut faire rêver les enfants en France, et c’est très, très important. Nous devons performer plus d’une année pour maintenir ce rêve, puis à partir de ce rêve construire une sorte d’académie ou amener plus d’enfants vers la base, faire une bonne base puis les faire progresser. La Fédération Française veut nous utiliser à bon escient pour profiter de ce moment. Mais si nous performant seulement cette saison, nous serons oubliés l’année prochaine ou dans deux ou trois ans, et nous ne surferons pas sur cette vague. Nous devons donc performer longtemps et alors quelque chose sera possible. Nous ne ferons pas directement l’académie avec Fabio (rires) car je pense que nous sommes plutôt occupés pour le moment, mais ce que fait Miguel est fantastique. Valentino ne l’a pas fait tout de suite : il l’a fait un peu plus tard car il avait déjà tout et il a alors dit « faisons l’académie ». Et il l’a vraiment bien faite. Donc oui, nous aimerions avoir la même chose en France : Nous avons déjà l’exemple de l’Italie et de l’Espagne, puis maintenant de Miguel, alors pourquoi pas nous ? Mais nous devons d’abord continuer à performer pour maintenir le rêve auprès des jeunes. »

 

 

Classement de la Qualification 2 du Grand Prix d’Allemagne MotoGP au Sachsenring :

Classement de la Qualification 1 du Grand Prix d’Allemagne MotoGP au Sachsenring :

Crédit classements et photos: MotoGP.com