Hervé Poncharal est le patron du team Tech3, ce qui est certainement une très belle fonction. Mais le résumer à cette position, c’est oublier que l’on a à faire à un authentique passionné, pétri de valeurs que l’on définirait à l’ancienne dans ce froid monde d’après, un « Gaulois » au sens noble du terme comme il aime d’ailleurs se définir. Ce qui signifie un engagement sans faille -il est d’ailleurs Président de l’associations des équipes IRTA- et une fidélité à la cause moto transparente ce qui l’amène d’ailleurs souvent à faire passer le cœur avant la raison. Avant la reprise début août en Autriche, il fait le point sur l’état des troupes françaises en MotoGP. Les siennes y compris !
Hervé Poncharal en connait beaucoup sur la compétition moto et sur le milieu des Grands Prix. Mais à chaque fois qu’il en parle, on devine en lui toujours cette étincelle de la passion que la longue expérience et les épreuves n’ont jamais éteinte. Un état d’esprit qui exsude dans son bilan de la mi-saison sur les Français. Et il commence par un quasi-hommage du leader actuel au championnat, Fabio Quartararo… Au micro de Paddock-GP, il a ainsi déclaré : « au niveau des pilotes, même si c’est très serré et très homogène, il y en a quand même un qui se détache comme étant le patron, vraiment. Que ce soit dans la manière dont il domine les essais et notamment les qualifications, où la vista qu’il a en course, il est rapide mais il est aussi intelligent, posé, réfléchi. Il a de la stratégie, il construit son weekend comme un patron, et je pense qu’aujourd’hui on peut dire que c’est lui le boss ».
Il se montre très clair : « ce que fait Fabio est magnifique ! En plus, il a été perturbé mais il n’a pas été déstabilisé quand il a eu son problème de bras à Jerez alors qu’il avait course gagnée. Il a serré les dents pour finir treizième et n’a pas fait d’erreur. Puis il y a eu cette fameuse histoire de combinaison à Barcelone où il était à coup sûr en position de monter sur le podium et de marquer de gros points. C’est là que tu vois qu’il est vraiment bien dans sa tête et qu’il a confiance en lui. Il a réagi comme un grand champion, sans paniquer et sans que la pression le perturbe outre mesure ».
Poncharal donne aussi une mention spéciale : « bravo aussi à sa performance au Grand Prix de France au Mans, parce que, jusqu’à présent, la Yamaha n’a jamais été la meilleure sous la pluie et Fabio avait peu roulé dans ces conditions donc c’était un petit peu plus inconnu pour lui que pour les autres pilotes. Mais il a fait un Grand Prix de France magnifique sous la pluie ! Je pense donc qu’on a le championnat qui est très ouvert mais malgré tout il y en a un qui est plus fort que les autres, qui gère et qui domine, et on en est très fier parce que, évidemment, tout le monde l’aime mais les Français encore plus, et pour un Français voir ce que fait Fabio est magnifique ».
A propos de Français, le patron de Tech3 n’oublie pas non plus son ancien pilote… « Il y a aussi Johann Zarco qui est numéro deux derrière Fabio au classement. Il est le meilleur Ducati et il fait aussi des courses superbes avec peu d’erreurs. Il est toujours là le dimanche ! »
Hervé Poncharal : « il n’y a plus d’excuses car les pilotes d’usine KTM gagnent maintenant des courses«
Voilà pour ses compatriotes sur la piste. Mais Hervé Poncharal est aussi en responsabilité d’une équipe, et il en fait également une évaluation. Ce qui lui permet de fixer des échéances pour la seconde partie de la saison : « c’est dur ! Franchement, dur ! On savait qu’en perdant Miguel on perdrait beaucoup, mais en fin de compte on a même perdu plus que ce que l’on pouvait imaginer » regrette le tricolore toujours sur Paddock-GP. « En ce moment, ce n’est pas facile même si Danilo Petrucci et Iker Lecuona sont des garçons charmants. Mais on est tous là pour faire des perfs, on est tout cela pour être dans le top 5 voire faire des podiums, et aujourd’hui c’est quasiment inaccessible. Au mieux, on a fait une belle cinquième place au Mans dans des conditions climatiques qui convenaient bien à Danilo, mais c’est compliqué, même si on a vu que depuis l’Allemagne on s’est un peu rapproché avec le nouveau châssis ».
« Mais sans sa chute, Iker aurait fait au mieux 10 ou 11 à Assen, et Danilo fait 13. Donc même si on est plus proche, c’est quand même loin. On espère que nos pilotes vont recharger un peu leurs batteries pendant cette trêve estivale et qu’ils vont revenir le couteau entre les dents, parce que leur avenir est aujourd’hui loin d’être tracé. »
Et Hervé Poncharal veut envoyer un message clair à ses pilotes puisque, sur motogp.com, il a ajouté sur le sujet : « on peut voir que les pilotes d’usine sont devant maintenant, qu’ils gagnent des courses, donc on doit vraiment être plus proches de Miguel Oliveira et Brad Binder. Danilo et Iker auront plus d’expérience et plus de connaissances de la moto, et notre objectif est d’être dans le top 10 à presque toutes les courses. C’est ce qu’on doit faire. Ce n’est pas facile d’entrer dans le top 10 au vu du niveau de compétitivité de la grille, mais c’est l’objectif. On doit le faire et il n’y a pas d’excuses parce que je pense que notre package devient vraiment compétitif maintenant ». Le lettre de mission est remise.