La Suisse, malgré son absence de circuits, est une grande nation des sports mécaniques. Depuis les débuts du championnat du monde motocycliste en 1949, des Helvètes se sont illustrés au plus haut niveau, mais surtout en side-car. Cette saga en quatre parties vise à mettre en lumière des pilotes méritants mais oubliés. Vous nous suivez ? C’est parti !

Cette partie fait suite au deuxième volet, disponible ici.

Bruno Kneubühler (1946-)

Bruno Kneubühler est sans aucun doute l’un des pilotes Suisses les plus connus. Fort de 18 saisons en Grands Prix (l’une des plus longues carrières de l’histoire), Bruno s’est imposé à plusieurs reprises en petites catégories.

L’épopée débute en 1972 pour Yamaha. Ses débuts en 350cc sont prometteurs, marqués par une victoire lors de la dernière course de la saison en Espagne. Pourtant, son engagement simultané en 500cc est encore plus impressionnant ! Avec trois podiums, il termine à la troisième place du championnat derrière Giacomo Agostini et Alberto Pagani.

Pour 1973, Kneubühler descend en 50cc sur Kreidler. Il est tout aussi rapide. Une nouvelle victoire et une deuxième place au général. S’il n’a jamais été champion du monde, Bruno peut se targuer d’être triple vice-champion et d’avoir concouru dans toutes les catégories, de la 50cc à la 500cc, excepté le side-car.

Encore aujourd’hui, il est une anomalie : Sa carrière se termine sur trois saisons en 500cc, à 43 ans. Ceci veut dire qu’il a couru en catégorie reine contre Jack Findlay et Luca Cadalora ou Wayne Rainey.

 

Bruno Kneubühler à gauche, lors du Grand Prix des Pays-Bas 1973. Photo : ANEFO

 

Michel Frutschi (1953-1983)

Les passionnés n’auront pas oublié Michel Frustchi. En effet, le Genevois a remporté l’étrange Grand Prix de France 1982. La grève des pilotes de pointe (provoquée par Kenny Roberts), engrangée par la dangerosité du circuit de Nogaro laissait le champ libre aux pilotes moins en vue habituellement. Alors que trois français gagnent en petites catégories (Jean-Claude Selini en 125cc, Jean-Louis Tournadre en 250cc et Jean-François Baldé en 350cc), Frutschi s’impose au nez et à la barbe de Frank Gross au guidon de sa Sanvenero.

Il s’agit, encore à l’heure actuelle, de la seule victoire d’un pilote suisse en catégorie reine. Malheureusement, Michel perd la vie un an plus tard au Mans à l’occasion du « week-end noir. »

Jacques Cornu (1953-)

Là encore, un autre Suisse familier des Français. Jacques Cornu connut une carrière longue de dix années au plus haut niveau, de 1980 à 1990. Il est considéré comme l’un des experts de la 250cc.

Lancé sur une Yamaha, il se dirige rapidement vers la fameuse structure Hostsettler-Yamaha, avec laquelle il engrange ses premiers podiums en 1982. Malgré une belle régularité, Jacques ne parvient pas à s’imposer. Son passage chez Parisienne-Honda (équipe populaire à l’époque) lui est bénéfique. En 1988, il remporte deux courses en Autriche et en France, avant de réitérer en 1989, sa meilleure saison, cette fois chez Lucky-Strike Honda.

Après une saison 1990 en demi-teinte, Jacques Cornu décide de se retirer du mondial. Cependant, il ne s’éloigne pas tant de ce petit monde et devient commentateur, en parallèle de son école de pilotage à succès.

 

Jacques Cornu au Grand Prix du Japon 1990, en catégorie 250cc. Photo : Rikita

 

Eskil Suter (1967-)

Étonnamment, Suter est l’un des seuls Suisses performants de la décennie 1990. Au vu de la taille du pays et de l’absence de circuits homologués FIA/FIM depuis 1955, ces contrées montagneuses avaient produit de très bons pilotes, en témoigne cette saga. Pourtant, des années 90, seul Eskil « sort du lot ».

Cela dit, sa carrière de pilote seulement reste modeste. Une cinquième place au Grand Prix des Pays-Bas 1996 en catégorie 250cc comme meilleur résultat, c’est maigre. Bien entendu, nous allons ici parler de ses constructions.

Suter Racing Technology (SRT) est fondé en 1996 et débute avec la création d’une 500cc, la Muz 500, pilotée au plus haut niveau par Suter lui-même, Simon Crafar ou Luca Cadalora sur l’exercice 1999.

Suivant ce projet peu prometteur, Suter s’est concentré sur la sous-traitance. Ainsi, la Petronas FP1 utilisée en Superbike et le fruit des ateliers suisses. La Kawasaki ZX-RR MotoGP a également un peu d’Eskil en elle, sans que cela soit trop visible.

La popularité des châssis explose en 2010, date d’instauration de la catégorie Moto2, laissant libre cours à des dizaines de marques différentes pour intégrer un seul et même moteur. Rapidement, SRT s’impose comme le meilleur constructeur, et remporte le championnat dédié à deux reprises, en 2010 et 2011. Il faudra attendre la tornade Marc Márquez en 2012 pour voir un pilote sacré champion du monde sur Suter. Depuis, Kalex a dominé et n’a laissé aucune chance à ses concurrents, prenant tous les titres pilotes de 2013 à 2021.

À savoir que Suter a également fourni un châssis MotoGP à Forward durant l’ère CRT, contée dans une autre saga disponible ici même.

C’est tout pour aujourd’hui ! Rendez-vous demain pour la dernière partie de cette saga !

 

Photo de couverture : Wayne Baker