Marc Marquez a retrouvé sa Honda RC213V après 100 jours d’éloignement imposés, une fois de plus, par des blessures. Mais il n’a pas retrouvé la moto qu’il a toujours connue. Elle beaucoup changé dans sa robe noire de 2022 qui semblait comme porter le deuil d’une complicité exclusive vécue depuis 2013. L’octuple Champion du Monde s’en est rendu compte et il doit d’autant plus refaire connaissance avec sa machine qu’il n’est pas encore physiquement au point. D’ailleurs, à ce sujet, il avoue vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête qui doit interpeler sur la suite de sa carrière…

Marc Marquez commence à s’en rendre compte : c’est une nouvelle phase de sa carrière qu’il entamera en 2022. Avec un corps qui alerte sur son usure et une Honda qui a décidé de suivre son propre chemin… Il a travaillé ce samedi en Malaisie avec trois motos qui étaient à sa disposition dans son box. Un prototype de l’année dernière peint aux couleurs de l’équipe Repsol Honda et deux RC213V en configuration 2022 avec deux jeux de carénages différents. Il a bouclé un total de 62 tours, soit l’équivalent d’un peu plus 340 kilomètres, au cours desquels Marc Márquez a confirmé son rétablissement complet de ses derniers problèmes de vision double. Il a fini la journée en huitième position, à neuf dixièmes du meilleur temps réalisé par Aleix Espargaró sur son Aprilia.

L’octuple champion du monde est aussi allé au sol à deux occasions. D’abord il est tombé au virage 9 alors que la séance avait passé sa deuxième heure, puis il est retombé au virage 15 alors qu’il y en avait moins d’une heure à faire. Deux incidents que Marc lui-même a qualifiés de « stupides » et qui n’ont eu aucune conséquence physique. Mais qui lui ont appris certaines choses sur la version 2022 de la Honda

L’équipier de Pol Espargaró commence d’ailleurs par ce nouvel opus amené par HRC : « la moto se comporte différemment. Elle est très différente de celle à laquelle j’étais habitué. Je ne peux pas dire qu’avec la 2022 j’ai trouvé la direction à prendre. Avec la nouvelle, il est plus facile de faire le chrono, mais cela a créé un nouveau problème, comme toujours. La sensation de contact, la confiance, avec le pneu avant est différente. Par exemple aujourd’hui : je suis tombé une première fois en faisant une erreur, mais pour la seconde chute, je n’ai pas compris ce qui s’est passé. Certes, un long moment loin de la moto m’a créé une difficulté supplémentaire : les temps arrivent, mais je ne sais pas pourquoi ! ».

Il explique : « j’ai essayé deux configurations. Avec la première, le problème d’instabilité du pneu arrière demeure, avec la seconde non. Pour le moment, cependant, avec la RC213V 2022, je dois sacrifier mon point fort, qui est le virage. Si je force, je tombe. Bien sûr, en ce moment, nous ne sommes pas encore en place. Nous avons plus de potentiel, mais je ne sais toujours pas comment utiliser ce potentiel. C’est vrai que la moto marche bien, à Sepang en tout cas. Nous n’avons pas fait un long run aujourd’hui de toute façon. Je n’ai pas beaucoup travaillé sur les réglages. Je ne peux pas dire : tu roules plus avec l’arrière ou tu roules plus avec l’avant, car il est possible de changer le comportement de la moto simplement en changeant le set-up. Il est trop tôt pour émettre un jugement ».

Marc Marquez : « ce nerf, je ne sais pas pourquoi, est mon faible point. C’est mon talon d’Achille« 

La question de la moto ayant été développée, il restait à préciser de qu’il en était de son état de santé. Marc Marquez a répondu franchement, en parlant non seulement de son bras, mais aussi de cette diplopie qui sera une menace permanente sur sa carrière et sa vie quotidienne… « Je n’ai pas perdu de vitesse, mais j’ai perdu des repères et de la confiance sur les limites, sur les trajectoires. Des choses que je ne reprendrai qu’en tournant sur la piste. C’est pourquoi j’ai dit à mon équipe aujourd’hui : laissez-moi piloter, je dois accumuler des tours. Nous n’essayons pas trop de choses. Puis demain si je reprends confiance, alors on fera d’autres tests ».

« Cet hiver le souci c’étaient les yeux, la diplopie, mais sans perdre de vue le bras. Je me sens mieux physiquement, mais l’utilisation des muscles que vous utilisez lorsque vous faites de la moto ne peut pas être reproduite en salle de sport. L’objectif de cette année est simplement d’essayer de ne pas enflammer l’épaule, car lorsque cela se produit, la douleur augmente et je perds de la force ».

Puis il conclut sur la diplopie avec un aveu lourd de sens, et qui résonnera aussi dans les états-majors des constructeurs au moment de négocier les contrats : « la première question que j’ai posée à mes médecins est de savoir si dans le cas où je devais chuter en Malaisie, ou dans une autre course, par exemple, je pourrais avoir le même problème ». La réponse est terrible : « la possibilité existe à nouveau. Si je tombe demain ou dans deux ans, cela pourrait se reproduire. Le nerf est là, et il est faible. J’ai des os solides avec toutes les chutes que j’ai faites. Mais il paraît que ce nerf, je ne sais pas pourquoi, est mon faible point. C’est mon talon d’Achille« .

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Crédit classement motogp.com