Avec cette intervention sur Speedweek, Kenan Sofuoglu n’a pas seulement fait le point sur le cas de son pilote Toprak Razgatlioglu en WSBK comme en MotoGP, il a aussi, et surtout, ruer dans les brancards. Kenan le terrible vit aussi dans la peau du manager comme il a terrifié autrefois sur la piste. Le multiple Champion du Monde Supersport, et porte étendard de la nation turque dans le monde de la compétition moto, n’est pas heureux des événements qui se déroulent actuellement autour de son Champion du Monde WSBK Toprak Razgatlioglu. Il remonte donc les bretelles à son pilote qui n’a encore rien gagné cette année et il élargit le cercle de sa colère jusqu’à Lin Jarvis à qui il est demandé de se mêler de ce qui le regarde. Ambiance…

C’est tendu en ce moment dans le clan turc tenu d’une main de fer par Kenan Sofuoglu. Ce dernier vient de quitter son gant de velours qui l’enrobait jusque-là afin de bien montrer que l’heure était grave pour son pilote Toprak Razgatlioglu. Le Champion du Monde WSBK de 26 ans, pressenti pour une arrivée en MotoGP, déçoit le manager qui, dans un entretien à Speedweek, commence par rappeler les fondamentaux à son compatriote : « je n’ai pas du tout aimé son attitude. Vous ne pouvez pas être en retard pour les séances d’entraînement ou vous coucher quand vous le souhaitez le soir, ou penser à acheter des vêtements de créateurs et des voitures de valeur. Lorsque vous êtes pilote, vous devez penser à la course jusqu’à ce que vous vous couchiez le soir. La tête et la motivation sont tout ».

Kenan le terrible continue : « après avoir remporté le Championnat du Monde l’an dernier, toutes les personnes entourant Toprak, ainsi que les médias, les fans, le SBK etc, ont commencé à le traiter comme une star. Tout cela a eu un fort impact sur lui, au point de ne pas bien commencer la saison. Je n’aimais pas son attitude, ainsi que la façon dont il s’entraînait. Quand je courais, j’étais le premier à me présenter à l’entraînement. Alors je lui ai dit : « si quelque chose est plus important que ton travail, tu ne peux pas gagner des courses » ».

Kenan rentre ensuite dans les détails : « entre autres choses, je n’ai pas aimé le fait qu’il parle d’autres choses en dehors des motos, presque comme s’il voulait les mettre au second plan. Tout dépend de la façon dont vous vivez, pensez, travaillez et dépensez votre argent. Je lui ai reproché de ne jamais essayer de battre le record du tour sur mon circuit en Turquie, il préfère acheter de belles choses. J’ai toujours travaillé sur moi pour m’améliorer. C’est exactement ce que je veux voir de lui. Dans ce monde, l’humilité est essentielle et il faut garder les pieds sur terre. Regardez par exemple la faim de Johnny ou la motivation d’Alvaro, ils sont impressionnants, en fait ils gagnent. Il ne suffit pas de se former, ce qui compte avant tout, c’est la façon dont on vit, pense et travaille ».

L’ancien champion du 600 Supersport a donc repris les choses en main, avec poigne : « je l’ai puni et quand on s’est entraîné récemment je lui ai donné le matériel le plus pauvre dont je disposais. Et avec ce matériel, Toprak a dû nous battre tous sur ma piste où nous nous entraînons, transpirant et donnant tout à l’intérieur, sans se ménager. Lui et moi avons longuement parlé après la course d’Assen et à Estoril j’ai vu le pilote motivé que je connais ».

Kenan Sofuoglu : « j’ai envoyé un message à Lin Jarvis dans lequel j’ai été très clair« 

Mais Kenan Sofuoglu ne s’arrête pas à Toprak Razagatlioglu. Il prévient aussi Lin Jarvis qu’il serait bien avisé d’arrêter de distraire son pilote en lui faisant systématiquement miroiter une opportunité en MotoGP dans ses récentes déclarations… « Lin Jarvis parle de Toprak et souligne qu’il s’intéresse à lui. Mais la seule option pour lui est qu’il roule dans l’équipe B. J’ai demandé au patron de la course SBK, Andrea Dosoli, de parler à Yamaha et de demander aux gens du MotoGP d’arrêter de parler de lui et de le mettre dans la confusion. Toprak n’a pas bien commencé la saison, pas comme un champion. Il n’a pas encore gagné de course. Je ne veux donc pas qu’il soit encore plus confus avec les histoires de MotoGP. Toprak doit d’abord faire du bon travail en World Superbike avant d’entrer en MotoGP – s’il le veut vraiment ».

Razgatlioglu a prolongé son contrat avec Yamaha le 2 juillet 2021 jusqu’à fin 2023. « J’ai clairement communiqué une chose à Yamaha dès le début », a souligné Sofuoglu. « Si Yamaha nous fait une offre pour l’équipe d’usine MotoGP, nous l’examinerons. Toprak a un contrat Superbike de deux ans, mais si Yamaha le veut dans l’équipe d’usine MotoGP, c’est possible. Et alors seulement. Jarvis parle cependant de la B-Team. Mais nous ne voulons pas cela, Toprak ne conduira pas pour la B-Team. Il n’y a aucune chance pour cela, pas un pour cent. J’ai envoyé un message à Lin Jarvis le week-end dernier dans lequel j’ai été très clair. Il devrait arrêter de parler de Toprak et de MotoGP alors que l’équipe d’usine est complète. Il ne peut pas décider. Toprak ne rêve pas de rouler pour n’importe quelle équipe MotoGP. Si Yamaha le veut vraiment, ils doivent le mettre dans l’équipe d’usine ».

Le champion du monde du record Supersport conclut : « Toprak est libre pour 2024. Je parlerai à Ducati et Yamaha, je parlerai à la marque pour laquelle Toprak veut rouler. Je ne pense pas que nous serons en MotoGP en 2023. J’ai toujours dit que deux conditions devaient être remplies pour que cela se produise. Premièrement, il devrait gagner beaucoup de courses dans la première moitié de la saison Superbike. Et deuxièmement, il devrait être placé dans l’équipe d’usine MotoGP. Ce n’est pas le cas actuellement ». Alors, c’est qui que le patron ?