En compagnie de ses coéquipiers Jérémy Guarnoni et David Checa, Erwan a remporté le titre mondial en terminant septième du Bol d’Or, premier des 24H du Mans, deuxième des 8H d’Oschersleben et enfin douzième des 8H de Suzuka. Comment s’annonce la nouvelle saison, avec les 8H de Sepang dans deux semaines ?

Champion de France 125 Open en 2001, Erwan intégrait ensuite l’Équipe de France Espoir et participait en Grands Prix 250 en Championnat du Monde pendant 4 saisons de 2002 à 2005, avec comme meilleurs résultats deux septièmes places sur Aprilia en 2003 à Assen et Phillip Island, devant des pilotes du calibre de Manuel Poggiali et Toni Elias.

En 2007, Nigon prend la direction du FSBK en 1000 Superbike, ainsi que du Championnat du Monde d’Endurance. Il participe à la manche américaine du Championnat du Monde Superbike en 2009 sur une Yam du GMT94 sur le circuit Miller Motorsports. En 2010, il est Champion de France Superbike au guidon d’une BMW, puis en 2012, il devient Champion d’Allemagne IDM sur une BMW alpha Technik – Van Zon. Après avoir remporté les 8H d’Albacete en 2011 sur BMW avec Sébastien Gimbert et Hugo Marchand, il est vainqueur des 24 H du Mans en 2014 avec la Suzuki du SERT en compagnie de Vincent Philippe et du regretté Anthony Delhalle.

En 2015, ce sont les 8H de Suzuka sur Kawasaki Trick Star, avec qui Nigon dispute une saison complète de Championnat du Monde en 2017 et termine dixième pour l’équipe EVA RT Webike Trick Star. Il y aura ensuite une belle troisième place au mondial 2017-2018 avec Honda Endurance Racing, puis direction Kawasaki, avec Jérémy Guarnoni et David Checa après le Bol 2018, et finalement le titre suprême de Champion du Monde en 2019.

Tout d’abord, le titre mondial vous a permis de faire partie des équipes permanentes pour la saison actuelle. Est-ce une belle récompense pour ce palmarès, et une solide marque de soutien de Kawasaki ?

« Il est certain que quand on est Champion du Monde, on s’imagine remettre le titre en jeu. C’était ce qu’on espérait, et c’est une forme de reconnaissance de la part de Kawasaki et du monde de la compétition moto. Donc oui, c’est top de remettre le titre en jeu et c’est un honneur. »

La première course de la saison actuelle s’est soldée au Bol d’Or par un accident impliquant la Honda de Mike di Meglio, la Yamaha de Loris Baz et toi sur la Kawasaki. Que s’est-il passé ?

« Cette édition du Bol d’Or a été assez rocambolesque, dans des conditions très particulières qui ne nous ont pas permis de nous exprimer et de faire une course normale. Ils ont arrêté la course et on est repartis au matin pour des raisons de sécurité. »

« Le matin, ça se passait bien, on était quatrièmes, je venais de remonter sur Étienne Masson. On était roue dans roue : il y avait Mike, Étienne et moi. Puis Mike a cassé le moteur au bout de la ligne droite. Il y a eu beaucoup de fumée. Il ne s’en est pas aperçu tout de suite et a plongé à l’intérieur. J’ai donc décidé de passer plutôt à l’extérieur, mais il y avait encore des taches d’eau de la veille, difficilement visibles à cause de la fumée abondante. Du coup de suis tombé sur l’huile impossible à voir. »

« J’ai glissé très longtemps et j’ai été percuter le mur, mais à ce moment-là je n’avais presque rien. Au Castellet, pour la F1 ils ont enlevé les bacs à sable. Ce qui fait que c’est hyper dangereux pour nous avec les motos car le circuit n’est plus adapté. Du coup les motos glissent et vont percuter les murs.

« Quand je me suis relevé, je n’avais presque rien. Au moment où j’essayais de redémarrer ma machine, Loris et sa moto sont arrivés sur moi comme un avion sur le World Trade Center ! »

« Ça a explosé ! En plus il sortait des stands, et c’était pourquoi il n’était pas présent dans notre groupe. Il occupait alors la deuxième position. Il est donc rentré dans ma jambe et ma moto avec 24 litres d’essence, le réservoir plein. Donc ça a explosé comme au World Trade Center, mais par chance il n’y a pas eu de blessé. »

« J’aurais pu mal m’en tirer parce que je suis resté coincé en-dessous et j’ai réussi à m’extraire lors de la deuxième explosion, parce que ça a pété deux fois. La suite on la connait, avec les motos complètement carbonisées. Il a été impossible d’éteindre le feu parce que les motos étaient calées contre le mur de pneus. Le feu était nourri et alimenté par les pneus, l’huile, c’était un brasier et on ne pouvait rien faire. »

« Encore une fois, il y aurait eu les bacs à sable, ça ne se serait pas passé comme ça. L’absence de bacs à sable est peut-être bien pour l’automobile à qui cela permet de sortir plus vite, mais pour nous avec les motos c’est dramatique. »

Trois des principales machines favorites pour le titre ont abandonné au Bol, et Suzuki a gagné. Penses-tu que ce déséquilibre initial peut avoir une influence pour le titre ?

« Évidemment, ils prennent une bonne option en commençant comme ça. Mais maintenant rien n’est joué. On l’a encore vu cette année. Tant que le drapeau à damier n’est pas abaissé… »

« En l’occurrence, au Bol d’Or, le SERT n’était pas du tout favori, mais ils ont fini par gagner cette course. Que trois motos factory tombent dans la même minute et abandonnent, c’est vraiment incroyable. »

« Mais rien n’est joué et en endurance il ne faut jamais baisser les bras. Nous on y croit encore, on reste motivés, il ne faut rien lâcher. Le passé et l’expérience nous ont appris ça. »

Une ZX-10R a gagné les 8H de Suzuka l’année dernière, dans des conditions rocambolesques, engagée par le KRT spécialisé en Superbike. C’est bon pour vous SRC Kawasaki ou sans importance ?

« C’est toujours bien d’avoir l’équipe KRT soutenue par l’usine qui gagne avec une Kawa. Ça prouve déjà que la machine fonctionne très bien, qu’elle a de bonnes bases. Gilles Stafler est entièrement autonome pour la préparation de ses motos. On n’a pas le soutien de l’usine comme KRT peut l’avoir. C’est dommage, mais on est quand même contents de voir qu’une Kawa peut rouler aussi vite. C’est rassurant. »

Les 8H de Sepang vont se dérouler dans deux semaines. Tu connais l’endroit. Penses-tu que ce circuit et sa météo un peu particulière vous seront favorables ?

« Oui, je pense que ça peut nous aider. On est plutôt bien dans les conditions séchantes. Pirelli nous propose des solutions que les autres manufacturiers n’ont pas. Je pense notamment aux pneus intermédiaires qui fonctionnent très bien chez Pirelli. »

« On a roulé là-bas avec David (Checa) dans les années 2000 et Jérémy (Guarnoni) y a obtenu il y a trois ou quatre ans un de ses meilleurs résultats en Championnat du Monde Superbike. »

« On aime tous ce circuit. Ça va ressembler à Suzuka, avec des taux d’humidité assez importants, des conditions aléatoires. Moi je pense que ça va être bien. En tout cas on est très motivés pour essayer de faire le mieux possible. »

« En termes de résultats, c’est difficile à dire car il y aura des teams japonais qui vont être très performants. Le team local sera aussi très présent avec Franco Morbidelli, Hafizh Syahrin et Michael van der Mark. Ça va être sympa. Ce sera une édition très disputée ! »

Photos © Kawasaki, FIM EWC