MotoE Interview exclusive de Nicolas Goubert « Ce qui est intéressant et qui fait plaisir à voir, c’est l’intérêt que portent les équipes et les sponsors »

Après quelques essais de courses électriques dans le passé, bien sympathiques mais plutôt amateurs, Dorna fait désormais donner l’artillerie lourde de son savoir-faire et de son expérience pour lancer un véritable Championnat professionnel : La Coupe du Monde FIM Enel MotoE. Nous avons fait le point avec le responsable de ce projet Nicolas Goubert.

Où en es-tu actuellement, depuis le lancement du projet ?

« Les choses ont bien progressé. La moto est pratiquement finalisée. En fait, il nous reste un test à Misano, puis on va commencer le montage des motos pour pouvoir être prêt en temps et en heure pour les premiers tests officiels qui auront lieu fin novembre après le Grand Prix de Valence.

« Les essais de la moto Energica se passent actuellement bien, comme prévus par rapport au calendrier. Vis-à-vis d’Enel, notre fournisseur d’énergie, nous n’avons pas le même échéancier. On a un peu plus de temps devant nous, afin d’être prêts l’année prochaine pour le deuxième test. »

Quelles ont été les évolutions techniques majeures ?

« Par rapport à la moto de production, la principale évolution a été le pack de batteries. Dans un encombrement et avec un poids équivalents, l’énergie embarquée a été quasiment multipliée par deux car nous sommes à un peu plus de 20 kWh (kilowattheure) aujourd’hui, contre 11 sur la moto de route.

« Il y a eu aussi bien sûr les freins, les suspensions, le poids où on a gagné une quinzaine de kilos, ainsi que les pneus. Le travail sur les pneus n’est pas fini. La roue avant sera une 3.75 x 17, avec un pneu avant dont le profil sera équivalent aux pneus de MotoGP, avec des gommes bien sûr différentes car les sollicitations sont moins fortes que sur une MotoGP. Michelin continuera à travailler sur les pneus arrière, sachant que l’échéance là aussi n’est pas tout à fait la même. Il faut qu’on soit prêts pour le début de la saison, donc on a encore un peu de temps devant nous.

« Les freins sont des Brembo, les roues des Marchesini, les suspensions des Öhlins. Le travail sur la suspension n’est pas encore finalisé. »

Qu’en est-il des temps au tour ?

« On sera un peu en-deçà des Moto3, en fonction des circuits. Le dernier circuit sur lequel on a roulé a été l’Autriche la semaine dernière, où on s’est vraiment approchés des Moto3. Je pense que si on court sur ce Red Bull Ring, nous serons aussi rapides que les Moto3. Sur le reste des circuits, on sera un peu moins rapides. »

As-tu pris une décision concernant le bruit ?

« On va conserver le bruit naturel de la moto. C’était l’orientation, décidée en début d’année, que nous avons maintenue. »

On connait déjà les équipes participantes *. Quand connaîtra-t-on les pilotes et le calendrier 2019 ?

« Le calendrier sera connu tardivement car il faudra attendre la publication du calendrier MotoGP. La liste des circuits choisis sera connue à Misano (ndlr : GP de la Riviera le 9 septembre). Le calendrier avec les dates définitives sera annoncé plus tard. Les pilotes seront annoncés en Aragon (ndlr : GP le 23 septembre). »

D’une manière générale, es-tu satisfait de l’évolution de la mise en place de la catégorie MotoE ?

« Oui, j’en suis très satisfait car ce qui est intéressant et qui fait plaisir à voir, c’est l’intérêt que portent les équipes et les sponsors. C’est important pour le sport moto en général qu’on arrive à attirer des sponsors un peu différents, après les périodes des cigarettiers, des fabricants de boissons alcoolisées, de boissons sportives, et des pétroliers qui sont encore là.

« Avec les débuts de la technologie électrique, comme on le constate en Formule-E automobile, on a vu l’arrivée des fournisseurs d’énergie comme Enel. Une compagnie d’assurances, dont je ne peux pas encore dévoiler le nom, nous rejoint. Ces entreprises accompagnent le développement des véhicules électriques pour le grand public, ce qui correspond pour elles à participer à des courses pour se montrer sur ce vecteur porteur. Elles ont su saisir la balle au bond, et ça c’est bon pour le sport moto. »

*Teams avec deux MotoE :

Tech 3 Racing

LCR Team

Pramac Racing

Esponsorama Racing (Avintia)

Gresini Racing

Angel Nieto Team

Teams avec une seule MotoE :

Sepang International Circuit (SIC)

Marc VDS Racing Team

Ajo Motorsport

Pons Racing