Danny Aldridge est le directeur technique du MotoGP et son travail n’est pas simple. Quasiment seul face aux matières grises des constructeurs, c’est souvent sur les petits génies de la marque rouge Ducati qu’il est mobilisé par des concurrents à la fois curieux et inquiets. Il y a eu l’épisode des ailerons qui s’est fini devant un tribunal. Voilà maintenant que la question du Holeshot est un sujet de tension…

On se souviendra que Danny Aldridge avait été sérieusement malmené lors de l’affaire du déflecteur arrière que la marque de Borgo Panigale avait mis sur le bras oscillant de sa moto. Pour les autres fabricants, Yamaha excepté, c’était l’évolution de trop depuis l’apparition des ailerons. On connait la suite avec le gain de cause donné aux Italiens. Une nouvelle pomme de discorde pointe aujourd’hui à l’horizon. Il s’agit du Holeshot, soit l’assistance au démarrage qui, depuis, intervient bien au-delà de l’envol. Une thématique à suivre car elle monte en puissance au sein des constructeurs. Ducati, une fois encore, est pointé du doigt…

Les MotoGP sont plus rapides en 2021, bien que le développement des moteurs ait été gelé pour réduire les coûts à la suite de la pandémie du coronavirus. Néanmoins, le développement tourne à plein régime dans tous les domaines, du châssis, à l’amortissement sans oublier la configuration électronique. Et puis il y a le système Holeshot qui ne plait pas à tout le monde. A commencer par Honda qui sonne la charge en suivant la même stratégie que la marque japonaise avait appliqué pour tenter d’éliminer les ailerons : en poussant ses pilotes phares à s’inquiéter publiquement au nom de la sécurité.

Si le scénario suit la même pente, on devrait finir par arriver, à un moment de la saison, à une situation de crise… Ducati a été le premier constructeur à penser, à travailler et à développer ce système. La fourche avant peut maintenant également être comprimée pour le démarrage. Les quatre premières courses de la saison ont montré l’efficacité du dispositif. Après le départ, au moins un pilote Ducati était toujours en tête.

De plus, Ducati peut abaisser l’arrière de la moto à la sortie d’un virage. Cela lutte contre le cabrage et offre plus de traction sur la roue arrière. Si ce système est activé, par exemple dans la courbe avant une longue ligne droite, il en résulte une vitesse de pointe plus élevée en fin de ligne droite.

Chez Honda, ça tousse, et Marc Marquez est monté au créneau. On rappellera sa prise de position depuis Jerez : « avons-nous besoin de ces Holeshot ? Doit-on rouler à 362 km / h sur la ligne droite au Qatar ? Nous n’avons pas besoin de ça, mais c’est comme ça pour le moment. Mais si les choses continuent dans cette direction, les zones de dégagement sur tous les circuits du monde seront trop petites ». Comme pour les ailerons à l’époque, alors qualifiées de lames de couteaux par Dani Pedrosa, le débat est amené sur le terrain de la sécurité.

Danny Aldridge : « on ne pourrait interdire le Holeshot que pour des raisons de sécurité »

Et pour cause… Car réglementairement, comme il s’agit d’un dispositif mécanique, et non électronique, il n’y a pas grand-chose à redire. C’est ce que précise Aldridge qui sait se préparer à de nouvelles heures difficiles… « Nous surveillons la situation de près », a déclaré le directeur technique du MotoGP sur Motorsport-total. « Mais il est clair que le système holeshot est conforme aux règles. Il est activé par le pilote sans assistance électronique ».

Selon le Britannique, il n’y a actuellement aucune règle pour interdire ces systèmes. On ne peut pas pas punir une marque pour avoir développé un mécanisme légal. Pour des raisons de coût, les appareils Holehot ont cependant été interdits pour les classes Moto2 et Moto3.

Pour le MotoGP, il ne pourrait y avoir à une interdiction qu’à cette condition principale : « pour des raisons de sécurité que la MSMA, l’association du constructeur suggérerait », explique Aldridge qui éclaire ainsi d’une façon particulière la dernière sortie de Marc Marquez. D’ailleurs, c’est le seul biais car par rapport aux ailerons, il ne peut y avoir de débat sur les coûts : « Ducati avait un nouveau design pour chaque course qui devait être spécialement développé en soufflerie. Le Holeshot n’a pas d’électronique, donc les coûts ne sont pas très élevés ».

On rappellera qu’à Jerez, une réunion du MSMA a été signalée par Moto.it avec le staff Ducati qui est monté en première ligne. On reparlera de ce sujet sans nul doute au cours de la saison. Dans tous les cas, il faut tout de même une concentration hors-pair aux pilotes Ducati pour actionner mécaniquement depuis le guidon le dispositif alors qu’ils sont en pleine action sur la piste à plus de 300 km/h…

Aldridge Holeshot