L’heure est venue de solder les comptes pour un Andrea Dovizioso libre de toute obligation en 2021. Il peut ainsi s’exprimer et il en a apparemment à dire sur ses huit ans passés chez Ducati. Il se lâche depuis quelques jours, mais nullement contre la marque dont il loue le potentiel et les qualités. Cependant, tout est sous la férule d’un Gigi Dall’Igna tout puissant qui ne supporterait pas la contradiction. Voici la version d’Andrea Dovizioso …

Andrea Dovizioso raconte avec force détails sa période Ducati ou tout du moins sa cohabitation avec Gigi Dall’Igna, dont l’apparence de druide prend d’un coup d’un seul celle d’un mauvais diable si l’on suit bien le raisonnement du triple vice-champion du monde. Il apparait clairement que les deux hommes sont en conflit et au vu de la tournure des événements qui ont abouti à leur séparation, ils seront sans doute irréconciliables pendant longtemps.

Toujours dans les colonnes de la Gazzetta, Dovizioso entre un peu plus dans le détail sur ce qu’il a déjà révélé. Il commence ainsi avec ce dur constat : « pour vous entendre avec Gigi, vous ne devez pas vous opposer à lui ». Hélas, c’est que Dovi a fait, avec son équipe : « en soutenant certaines idées, nous sommes entrés en conflit. Gigi s’est senti … frappé, attaqué. Pour moi, il a fermé les portes, mais il les a fermées en se taisant ».

Concrètement, cela s’est traduit ainsi : « il n’y avait plus de rendez-vous pour développer la moto. Pourtant, chez Ducati, il y a le potentiel de le faire, les compétences sont très élevées. C’est la seule chose qui me met en colère contre ces 8 années, difficiles mais spectaculaires : avec une approche différente nous aurions pu faire plus. Depuis 2017 avec Gigi, nous n’avons plus parlé. A force d’argumenter et de se mettre en conflit, mon équipe et moi sommes devenus un peu isolés. Nous ne parlions plus de développer la moto ».

Une chappe de plomb qu’il regrette d’autant plus que chez d’autres constructeurs, la transparence est plus de mise. L’Italien rappelle ainsi le cas Yamaha en 2018 : « d’autres fabricants ont donné des conférences pour s’excuser auprès des pilotes, ils ne l’ont jamais fait ». En revanche, l’effet collatéral est violent pour le pilote : « le pilote de Ducati a de plus en plus de pression. « Nous pouvons faire plus, nous pouvons faire plus », et c’est vrai. Et que vous soyez deuxième du championnat du monde ou premier ou troisième Ducati, cela est toujours dit. Tant que tu vas bien ok, mais dès que tu vas mal … boum, désastre. Une course, deux, un an, deux, vous avez du mal à vous détendre ».

Dovizioso : « j’ai donné mon âme chez Ducati »

Partant de là, Dovizioso livre sa rancœur et son incompréhension d’avoir été estimé comme celui qui ne donnait jamais tout ce qu’il pouvait livrer : « je me souviens des bons résultats2017, 2018 et un peu de 2019 qui ont été spectaculaires. L’identité « DesmoDovi » n’a pas été un nom mis comme ça. J’ai donné mon âme, j’ai vraiment cru en ce projet. Contrairement à certaines personnes chez Ducati qui ont toujours vu que je n’essayais pas assez … Ceux qui ont vu ça sont vraiment limités, lisez certains Si l’on pense que je n’ai pas fait d’efforts et de dévouement, c’est totalement faux. Et ils devraient changer de travail ».

Enfin, Dovizioso termine sur un épisode en coulisse de la saison 2020 dont il s’estime être le dindon de la farce : il s’agit des faits sur l’affaire Yamaha, qui, selon lui, n’a pas été suffisamment pénalisé pour être intervenu sur les soupapes de son moteur malgré le gel du développement. À l’époque, cependant, Ducati n’a fait aucun recours, un choix que Dovizioso considère comme purement économique : « cela n’a aucun sens. S’il est reconnu que quelque chose a été fait en dehors des règles, il n’y a pas de pénalité que pour le constructeur mais aussi pour les pilotes. Ducati, si cela avait été correct, aurait dû me le dire et nous aurions pu réagir dans les limites possibles. Cela n’a pas été fait et cela m’a coûté la 3e place et beaucoup d’argent en prix ». Mais Ducati est Champion du Monde des constructeurs …

Entre Dovizioso et Dall'Igna, les images peuvent être trompeuses ...