Jamais ils n’avaient été mis autant sous pression, malmenés et carrément remis en cause. Qui donc ? Il s’agit des commissaires de la FIM devant juger des incidents de course et autres écarts de conduite lors d’un Grand Prix. Et dans toutes les catégories. Sur ce plan, déjà, il commençait à y avoir des traitements différents selon les catégories et les protagonistes. Mais à présent, chaque situation qui semble identique donne lieu à une évaluation originale. La gestion de l’accident entre Morbidelli et Zarco a aussi été source de tension car estimée par beaucoup sous influence. Sur tout ça, Valentino Rossi donne son avis, et il ne va pas dans le sens desdits commissaires…

Depuis les deux rendez-vous sur le Red Bull Ring, on a franchi un cap dans l’ambiance régnant dans le paddock. Un pan de l’organisation a ainsi vu sa légitimité clairement remise en cause. Il s’agit du panel des commissaires de la FIM, arbitres en coulisses des faits de piste. L’évaluation des responsabilités dans l’accident qui a opposé Morbidelli et Zarco au Grand Prix d’Autriche a traîné une semaine pour aboutir au début du Grand Prix de Styrie à un verdict que beaucoup ont identifié comme orienté.

A la suite de ça est arrivée cette interprétation de la règle définissant le respect des limites de la piste, avec cette zone verte qui est la limite rouge à ne pas franchir. Or, elle est arpentée, parfois clairement, parfois moins, mais à chaque fois les officiels jugent les faits de façon originale. Une instabilité qui crée des tensions par des incompréhensions.

Des pilotes se sont déjà élevés sur la façon dont fonctionne ce groupe de commissaires. Valentino Rossi s’ajoute à cette contestation qui finit par poser une vraie question de légitimité des juges : « nous en avons beaucoup discuté au sein de la commission de sécurité et la situation me semble hors de contrôle » commente carrément le Doctor.

« À mon avis, vous ne devriez jamais aller sur la partie peinte en vert, mais au contraire, il est permis de le faire 3 ou 4 fois et tout le monde profite au maximum de cette règle. Pour moi, à chaque fois que cela se produit, vous devriez être obligé de rendre une place ou d’infliger une pénalité de temps. Avec cette partie peinte en vert, les pistes sont plus sûres, mais il faut penser qu’il y aurait du gravier ou de l’herbe à cet endroit ».

« Les commissaires sont sous pression depuis l’accident de Zarco »

Vale ajoute : « je sais que les commissaires sportifs sont sous pression depuis l’accident de Zarco, mais ils doivent être plus uniformes dans leur jugement. Leur travail n’est pas facile, mais nous devons élever le niveau ».

Pour étayer sa position, il donne deux cas concrets vus en Styrie. D’abord celui de Jorge Martin, qui s’est vu enlever sa victoire dès son arrivée dans le parc fermé : « il l’avait déjà fait la semaine dernière mais il n’a pas été pénalisé car il avait plus de 3 secondes d’avance sur ceux qui le suivaient. C’est déjà stupide, car les règles doivent être claires pour fonctionner. Aujourd’hui, cependant, il a reçu une pénalité. C’est Bezzecchi, qui est notre pilote qui en a profité et nous sommes heureux, mais si la règle est la règle, elle doit s’appliquer à tous. Les règles doivent être les mêmes pour tout le monde et toujours ».

L’autre exemple est celui de Pol Espargaró, préservant sa troisième place au détriment de Joan Mir en revenant, gaz ouvert, de la partie verte vers la piste : « Pol n’a pas été pénalisé parce qu’ils ont estimé qu’il avait été expulsé par Miller. Mais que se passe-t-il ici, lorsqu’il y a une ligne droite dans le vert, avec laquelle vous ne perdez rien ? »

Il se passe que l’on peut profiter de son erreur et garder son avantage. Pol Espargaró n’avait pas plein de secondes d’avance sur Joan Mir. Ce dernier aurait dû, dès lors, avoir cette place de troisième abandonnée par l’officiel KTM qui est revenu plein gaz sur le bitume devant la roue de la Suzuki. Dans cette ambiance tendue, faite de doute et de suspicions, les prochains Grands Prix s’annoncent épiques…