On peut considérer l’ascension de Fabio Quartararo en MotoGP comme fulgurante. Du moins, « El Diablo » tel qu’on le surnomme a surgi de sa boite pour bouleverser l’échelle des valeurs et demain le marché des transferts. Mais pour ce qui est de ses résultats sur la piste, rien n’est dû à la spontanéité. C’est au contraire le résultat d’une montée en puissance réfléchie alors que sur les Grands Prix, c’est la récompense d’un travail méthodique. Le Français nous explique tout ça…

Fabio Quartararo commence à peine ses 20 ans, mais à l’écouter dans la gestion de sa saison, de sa moto, et sur ses relations avec son équipe, il a déjà l’étoffe d’un vieux briscard. Mais même si les résultats parlent pour lui, le pilote Petronas Yamaha reste modeste : « j’ai encore beaucoup de choses à apprendre sur cette moto. Par exemple, lorsque je regarde les données de Valentino et de Maverick, je vois leur expérience dans le contrôle du gaz. Je dois encore apprendre ces choses d’eux ».

Une belle humilité lorsque l’on sait que Valentino Rossi lui-même a déjà avoué regarder aussi les données de Fabio… « J’étais très rapide au Mugello, il a étudié mes données. Pour moi, c’est assez étrange… Non, c’est même très étrange, car je l’avais attendu il y a dix ans avant l’hospitalité pour prendre une photo avec lui. Et maintenant, il regarde comment je fais mon temps au tour ! ».

Un temps au tour qui n’est pas simple à réaliser. Il explique en effet : « sur une MotoGP, vous devez penser plus que sur une Moto2. En Moto2, vous établissez une bonne configuration, puis vous accélérez à fond tout au long de la course pour tenter de gérer les pneus. En MotoGP, vous devez contrôler les pneus, puis savoir si le réservoir est plein ou presque vide, et pensez aux trois cartographies pour la fourniture de puissance et le freinage moteur. Tu dois vraiment faire très attention quand tu es sur la moto, et je pense que ça m’aide à rester calme quand je suis dans les stands ».

« Vous devez vous concentrer sur la conduite, mais une fois que vous avez besoin de passer à une autre cartographie, vous devez le faire. Je la change deux ou trois fois en course. Et ça dépend du circuit. Si vous êtes sur une piste avec très peu d’adhérence, vous travaillez beaucoup plus avec la cartographie des puissances. Cela dépend également du pneu arrière que vous avez sélectionné pour la course. Je dirais que je commute la cartographie de puissance une ou deux fois, il en va de même pour le frein moteur ».

De la haute voltige en pleine bataille et à plus de 300 km/h… Et puis il y a aussi le pneu avant… « Je pense avoir de bonnes sensations avec la moto. Lorsque le train avant glisse, je relâche un peu le frein. C’est difficile à gérer car vous perdez l’avant en moins d’un dixième de seconde. Vous devez donc être très concentré sur ce que vous faites et avoir un bon contrôle de la moto. Si vous n’avez pas cette sensation avec l’avant, il est facile de tomber car cela peut aller très vite ».

Pour en arriver là, il a fallu faire un travail de fond durant une trêve hivernale très bien gérée par son environnement : « je pense que nous avons très bien fait cela avec l’équipe. Lors du test à Valence, ils m’ont dit : « commençons par étapes ». Je ne voulais pas aller vite, le seul objectif était d’être prêt pour la première course au Qatar. Nous avions déjà effectué des tests à Valence, Jerez, Sepang et Losail. Un total de dix jours. Pendant ces dix jours, le plan était d’accélérer, pas à pas ».

« À Sepang, il m’était difficile de voir que Bagnaia était une seconde plus rapide que moi. Mais c’était bon. Je pensais que s’il pouvait le faire, je le pourrais aussi, mais aller pas à pas est la meilleure stratégie. C’est toujours si difficile pour les débutants, aucun pilote ne veut attendre ! Vous devez avoir une bonne maîtrise de soi » termine le tricolore sur Speedweek.