Ancien rédacteur en chef de magazines moto de qualité et pilote de très bon niveau, David devient cette année la figure emblématique de Canal+ alors que l’entreprise reprend à son compte la distribution exclusive des Grands Prix.

Il commente désormais la MotoGP avec Randy de Puniet, lui aussi garantie de qualité. Mais au-delà du strass et des paillettes, nous avons voulu savoir ce qui se passait au fond du cerveau et du cœur de notre nouveau commentateur. Que ressent-on quand on a la responsabilité de transmettre son savoir et sa passion, dans une bonne ambiance, à des centaines de milliers d’amateurs de compétition, pas toujours faciles à satisfaire ?

Qu’est-ce qui t’a donné l’envie de commenter les Grands Prix pour la télévision ?

« Je m’intéresse aux Grands Prix depuis toujours, dans mon travail de journaliste pour la presse écrite, notamment lorsque j’étais rédacteur en chef à Moto Journal, j’avais tout fait pour lancer un magazine concernant les Grands Prix. En 2012 on a lancé GP Plus, et ce fut pour moi un immense bonheur que de publier un magazine de Grand Prix. Les Grands Prix, ça parle de passion.

« La télévision est quelque chose que j’ai étudié à l’école de journalisme, à l’IPJ à Paris, puis que j’ai laissé de côté pendant quelques années parce que je me suis consacré à la presse écrite (L’Equipe, Moto Revue, L’Intégral, Moto Journal).

« Parallèlement depuis une quinzaine d’années, je commentais pour la TV des courses de Supercross et de vitesse. Puis il y a exactement deux ans, en février 2017, j’ai décidé de me consacrer de nouveau à l’audiovisuel, de revenir à la télévision, non pas parce que j’avais fait le tour de la presse écrite puisque je continue avec Motos Heroes, mais parce que je pensais qu’il y avait du développement à faire au sujet de la moto qui se prête très bien à l’audiovisuel.

« L’opportunité qui m’a été présentée de commenter les Grands Prix, en raison du changement de diffuseur, a été inouïe. Ça m’a permis de lier mes deux passions : les Grands Prix et la télévision. »

Que penses-tu amener d’important aux téléspectateurs ?

« J’espère partager la passion que j’ai pour les Grands Prix, qui est authentique, réelle et profonde. Je suis profondément journaliste et je veux essayer de transmettre l’information et ma passion. »

Tu vas t’adresser à de super pros comme à des néophytes. Comment vas-tu trouver le juste milieu ?

« C’est tout l’enjeu de la diffusion sur Canal+ qui est un média plus ouvert qu’une simple chaîne de sport. C’est un peu plus large. Il faut captiver ceux qui connaissent pas ou peu la moto, et intéresser les fans comme tu dis. Ça, c’est délicat car il s’agit d’alterner les moments assez techniques avec les moments où on vulgarise, sans pour autant que les motards aient l’impression qu’on les prend pour des gens qui n’y connaissent rien.

« Tout l’enjeu est d’être assez explicatif et intéressant, sans qu’aucun des deux profils ne se sente exclu. Les motards doivent accepter que parfois je précise que Valentino Rossi porte le n°46, même si pour eux c’est évident. Il ne faut pas le faire sans cesse, mais il est bon de le rappeler de temps en temps. Il en faut pour chacun, et c’est tout l’enjeu de commenter les Grands Prix sur cette chaîne. »

N’es-tu pas inquiet de te faire critiquer sur les réseaux sociaux ?

« Il est certain que ça m’inquiète. Mais j’ai profondément intégré les réseaux sociaux dans mon fonctionnement de journaliste. C’est-à-dire qu’on vit à une époque incroyable quand on est professionnel de l’information. L’information change à un rythme mensuel. Les algorithmes changent sans arrêt sur les réseaux sociaux sur internet. Je vis ça comme un passionné dont le domaine change tout le temps.

« Plutôt que de ressentir de l’accablement, je suis terriblement excité par tout ce qui se passe sur les réseaux sociaux. A tel point qu’on a créé l’émission Sans concession qui n’existe que sur les réseaux sociaux, parce qu’on est passionné par ça.

« Évidemment je redoute la critique, qui est inévitable, mais les réseaux sociaux sont quelque chose dont j’accepte profondément le fonctionnement. »

La France est au zénith sur le plan sportif avec deux pilotes (Johann Zarco et Fabio Quartararo) en MotoGP. Mais personne dans les deux autres catégories intermédiaires et promotionnelles. Comment envisages-tu l’avenir ? La télévision a-t-elle un rôle à jouer dans ce domaine ?

« Le rôle de la télévision est de relater, de mettre en valeur. De bons taux d’audience permettraient une meilleure visibilité, d’où un éventuel intérêt accru de la part des sponsors.

« Concernant l’avenir, je suis optimiste pour les pilotes français parce que je m’intéresse de près à tous les championnats nationaux, depuis des années, et je sais que les talents en France ne sont pas moins bons qu’ailleurs.

« Beaucoup de gens en France se démènent pour faire exister le sport moto, en tout-terrain comme en vitesse. Nous sommes dans un creux qui est ponctuel, mais je pense que ça va s’arranger parce qu’il y a des jeunes pilotes qui arrivent comme Andy Verdoïa, Enzo Boulom… Il y a beaucoup de jeunes talents en France, je suis optimiste à ce sujet. On vit une période un peu exceptionnelle, mais ça va s’arranger ».