Comme nous le faisons systématiquement en hiver, nous avons profité de cette longue, très longue, pause estivale pour demander à un certain nombre d’intervenants du paddock MotoGP de dresser un bilan de cette première demi-saison 2021.
À tout seigneur tout honneur, c’est Hervé Poncharal, à la fois président de l’IRTA et copropriétaire du team Tech3, qui inaugure cette série estivale.
Vous pouvez retrouver la première partie de cette interview ici
Vous pouvez retrouver la deuxième partie de cette interview ici
Les deux prochaines courses auront lieu en Autriche. Peut-on s’y attendre à une annonce concernant le deuxième pilote de votre équipe en 2022 ?
Hervé Poncharal : « On sait tous que Raúl Fernández est sur la liste de beaucoup de team managers et d’équipes. Il veut savoir ce qu’il va faire prochaine pour pouvoir vraiment se concentrer sur son année 2021, où il est toujours en course malgré tout pour le titre. Initialement, quand il est monté en Moto2 l’année dernière, beaucoup de gens ont dit que c’était trop tôt et qu’il devrait faire encore une année en Moto3. Donc évidemment, il était hors de question d’imaginer que l’année d’après il irait en MotoGP, et le plan était de faire 2021 et 2022 en Moto2. Il a un contrat ferme pour ça. Vu les performances qu’il fait, vu que malgré tout il est quand même aujourd’hui en position d’être titré, et vu que beaucoup de gens sont venus le voir, lui, ses parents, ses managers, l’appétit vient en mangeant… Et aujourd’hui, même si ce n’était pas le plan initial, je pense qu’il a dans sa tête 50 % de lui qui dit « reste encore en Moto2 » et 50 % qui dit « pourquoi pas y aller tout de suite ? Parce que en Moto2, oui, je suis au niveau : Je fais déjà quasiment des pole tous les dimanches et je me bats pour le podium ou la victoire en course tous les dimanches. Donc rester une année de plus, qu’est-ce je vais faire de plus ? Peut-être le titre si Remy l’a cette année et que je finis deuxième, mais est-ce que ce n’est pas plus important de monter en MotoGP pour avoir une année d’expérience en plus ».
Quand on s’est quitté à Assen, il y avait cette réflexion qui était la sienne et de son entourage, et on a dit que la coupure estivale qui est relativement longue cette année allait porter conseil, et qu’une décision serait prise au retour, c’est-à-dire pour le Grand Prix d’Autriche. Donc ça peut être Remy/Lecuona, Remy/Petrucci ou Remy/Fernández. Aujourd’hui les trois options sont sur la table et tout le monde est en train de réfléchir à la meilleure solution en écoutant les pilotes. Évidemment, les deux pilotes actuels veulent rester en MotoGP, mais il faut bien savoir ce que veut faire Raúl. Il faut bien l’écouter et ne pas le forcer à griller les étapes s’il n’a pas envie de les griller, surtout à cet âge là. »
La décision sera donc prise en Autriche…
« Oui ! »
Et annoncée en Autriche…
« Oui ! Oui, oui, oui ! De toute façon, quand les choses seront définitivement claires, ce sera annoncé : Ça ne sert à rien de faire traîner les gens. Il faut aussi respecter Danilo, Iker et Raúl : Chacun est au milieu de sa saison et chacun a envie de bien faire la deuxième partie. Donc une fois qu’ils seront fixés, ça sera plus simple pour ces trois pilotes là. On l’annoncera donc dès que ce sera fait, le premier ou le deuxième weekend, et on s’est tous mis d’accord qu’en quittant l’Autriche le line-up Tech3, c’est-à-dire l’organisation du team Tech3 pour 2022, serait officialisé. »
On a vu de récentes modifications du calendrier à cause de la pandémie mondiale qui semble repartir dans le mauvais sens. Êtes-vous inquiet pour la deuxième partie de saison, en particulier pour les courses hors Europe ?
« Malheureusement, il est clair qu’on n’est pas sorti de cette foutue pandémie, c’est clair ! A chaque fois qu’une nouvelle vague et les mesures restrictives qui en découlent se terminent avec des chiffres à la baisse, on se dit « ça y est, c’est fini, c’est derrière nous ». Cette fois-ci, on a quand même un énorme bonus par rapport aux autres fois, c’est qu’il y a une partie non négligeable de la population européenne et même mondiale qui a été vaccinée. Donc c’est clair que les conséquences seront différentes, parce que même s’il peut y avoir des mutations du virus encore plus contagieuses, ce qui est le cas, s’il y a moins de gens à infecter par le virus, entre les gens qui ont été vaccinés et les gens qui ont été contaminés, ça commence quand même à faire un pourcentage important. Ça peut faire en sorte que la pression dans les hôpitaux soit moins importante. Mais évidemment, on sait qu’on n’en est pas sorti : On voit bien que le Japon et l’Australie ont préféré annuler. Mais sur la deuxième partie de la saison, je pense sincèrement que notre paddock est quasiment intégralement vacciné, avec seulement quelques personnes qui n’ont pas encore été vaccinées. L’immense majorité des personnes du paddock est vaccinée. Évidemment que les protocoles pour aller outremer, et même pour aller en Europe, sont toujours en place : Il y a toujours des masques dans le paddock, il faut toujours montrer des attestations de vaccins ou des tests PCR négatifs pour rentrer sur le paddock. On évolue donc en milieu clos, où les risques de contaminations ne sont pas nuls mais beaucoup plus limités. Je sais que les deux courses asiatiques, Thaïlande et Malaisie, se feront aussi à huis clos. En arrivant à Bangkok, on devra descendre de l’avion et remonter directement dans un charter qui nous emmènera à Buriram, et de Buriram on prendra un charter qui nous emmènera directement à Kuala Lumpur. À chaque fois, en arrivant à l’aéroport, on est pris en main par les autorités locales pour des trajets aéroport–hôtel, hôtel–circuit, circuit–hôtel, hôtel–aéroport, et on rentre chez nous. Donc à partir de ces informations là, vu ce qu’on a vécu en 2020 et vu qu’on a quand même une certaine expérience de la gestion de ce virus, non, je ne me fais pas trop de soucis quant à la deuxième partie de 2021 et pour que le calendrier qui vient de sortir fonctionne sans problème jusqu’à la fin de l’année. »
« Ce qui nous fait beaucoup plus gratter la tête, c’est qu’on pensait vraiment que 2022 sera une saison qui redeviendrait normale, c’est-à-dire sans jauge de spectateurs et avec un paddock ouvert aux invités, aux journalistes, à tous les médias, aux sponsors et à leurs invités, avec des hospitalities pour recevoir nos invités et les gens qui font qu’on existe par rapport à leurs investissements chez nous, et pas, comme c’est le cas actuellement, uniquement des restaurants pour les équipes. Et ça, en fonction de la manière dont la pandémie va évoluer, de la manière dont les variants vont s’affûter, on est beaucoup plus dubitatif quant à 2022. On se demande vraiment quand le monde d’avant va revenir et s’il va revenir un jour. Quand je parle du monde avant, c’est jusqu’à 2019. »