Après s’être illustré lors de cette première journée du Grand Prix d’Andalousie, nous sommes allés écouter (via un logiciel de téléconférence) les commentaires de Johann Zarco, auteur du deuxième meilleur temps cet après-midi sur le circuit de Jerez.

Comme à notre habitude, nous reportons ici les propos de Johann Zarco, sans la moindre mise en forme.


Johann Zarco : « cet après midi a été globalement positif. Ce matin, je suis bien parti. Je pense que l’analyse des données que nous avons fait durant le temps de repos, lundi, mardi et mercredi, était nécessaire, ce qui m’a permis de bien démarrer. Nous avons alors commencé à changer les choses plus importantes sur la moto pour me permettre d’avoir un feeling différent et voir si cela m’aidait pour mieux utiliser la moto. Ce qui était dommage le matin, c’est que je n’ai pas amélioré avec le pneu arrière tendre. J’étais un peu déçu de cela même si ce n’était pas une grande inquiétude. »

« Cet après-midi, j’ai vraiment eu un petit déclic mentalement pour mieux utiliser la moto, conjointement à différentes nouvelles choses sur la moto qui, je pense, m’ont aidé à attaquer dans la bonne direction. J’ai subi une petite chute mais cela m’a également aidé à mieux comprendre la limite et ce que je pouvais faire ou pas. Après cette chute, j’ai également fait de bons chronos et j’ai pu progresser comparé à ce matin. Tout cela est positif et je reste concentré sur demain. Faire un bon chrono l’après-midi est super mais être capable de gérer le nouveau pneu arrière tendre huit dixièmes plus vite, cela est le plus important car à partir de cela, je peux vraiment préparer ma course, par rapport à la semaine dernière. »

Pouvez-vous nous raconter ce qui s’est passé lors de votre chute, puis lors de celle de Pol Espargaró ?

« Tout d’abord ma chute. Je dois apprendre à plus attaquer avec la moto au freinage, et ce n’est jamais facile de trouver cette confiance, même si la moto répond toujours bien. J’ai vraiment besoin, comme je l’ai dit, d’un déclic mental, et celui-ci est arrivé durant l’après-midi malgré la chute. Alors peut-être que j’ai eu un bon déclic, mais après j’en ai trop voulu et j’ai subi une chute en freinant très fort sur l’angle. »
« Concernant celle de Pol, je l’ai vue à la télévision. Je ne savais pas qu’il m’avait presque touché mais j’étais vraiment à l’extérieur durant tout le virage. Je me rappelle plus qui était le pilote devant moi celui-ci était également train de ralentir. Moi, j’étais en train de le suivre pour faire une bonne performance et quand ce pilote a ralenti, je suis vraiment parti sur la gauche pour attendre. C’est étrange que Pol ait été surpris car il sait plus ou moins quand quelqu’un attaque ou pas. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Je pense qu’il était peut-être en train de freiner et prêt à rentrer dans le virage, mais qu’à ce moment il s’est dit qu’il ne pouvait pas le faire et qu’il voulait aller tout droit. J’étais là, à l’extérieur et il a dû changer sa trajectoire et chuter. »

Comment vous sentez-vous sur la Ducati, par rapport à la Yamaha, la KTM et la Honda ?

« Je me sens bien car je peux travailler encore davantage sur mon style de pilotage, par rapport à l’année dernière. Je peux essayer de nouvelles choses, même si j’ai chuté aujourd’hui. Je peux avancer pas pour trouver la limite et la moto me donne confiance car sa réponse est bonne. Ça, j’aime vraiment beaucoup. Ce qui me manque encore, c’est de pouvoir mettre la moto dans la bonne position qu’il faut pour ouvrir les gaz. Celle-ci est très forte à l’ouverture des gaz, à l’accélération, mais vous devez être dans la bonne direction pour partir droit. Je pense que c’est ce qui n’est pas encore très naturel, comparé à ce que je faisais avec la Yamaha. Mais j’apprends maintenant avec les chronos que nous faisons tous, car je pense que tout le monde est très rapide, encore plus cette année que l’année dernière, comme on l’a vu samedi dernier avec Dovizioso dixième à seulement 3/10. Je pense que le niveau que j’avais sur la Yamaha il y a deux ans ne serait pas assez bon pour bien performer maintenant. »

Vous continuez à étudier Jack Miller ou vous le faites également avec Dovizioso, Petrucci ou Bagnaia ?

« Cela dépend de quel pilote est sur la piste, et à quel moment. Depuis ce matin et jusqu’à cet après-midi, j’ai pu beaucoup suivre Fabio. Je peux pas vraiment dire qui je suis, mais bien sûr si je suis des Ducati, cela m’aidera davantage à faire ce que je dois faire sur la moto, car si je suis une Yamaha, j’aurai tendance à vouloir piloter comme sur une Yamaha. Mais maintenant, j’ai une meilleure confiance sur la moto et ce que l’équipe a fait sur la moto m’aide également à me relaxer dessus. Mais même si je suis Fabio, je peux piloter la Ducati correctement et essayer d’utiliser les points forts de celle-ci tout en voyant les points faibles comparé à la Yamaha. Vous ne pouvez pas toujours suivre le même pilote et aujourd’hui cela a été le plus souvent Fabio, mais je pense qu’il travaillait davantage sur son rythme de course, et c’est pourquoi il n’a jamais créé l’écart quand je l’ai suivi : il voulait trouver un rythme pour dimanche. Quand vous avez quelqu’un qui fait presque tous ces tours dans les mêmes chronos, c’est plus facile à suivre. »

Pol Espargaró aurait dit que vous l’avez gêné volontairement. Que pensez-vous de cela ?

« Je ne suis pas surpris car c’est typique d’un pilote d’avoir besoin de trouver quelqu’un à blâmer. En regardant la télévision, j’étais complètement à l’extérieur donc il aurait dû plonger dans le virage. Je pense qu’il a vu que je ralentissais car il arrivait assez loin. Je pense que j’étais complètement dehors et que je ne le gênais pas. Au moment où il a relevé la moto, peut-être parce qu’il attaquait et qu’il a raté quelque chose, je ne sais pas s’il a glissé ou pas, mais quand il a relevé la moto, oui j’étais là. S’il voulait seulement attaquer pour prendre le virage, il aurait dû le faire car j’étais au large.
Je sais qu’il m’a doublé ce matin. Il suivait Dovizioso et moi j’étais dans mon tour de sortie. Il a dû me doubler donc peut-être qu’il a perdu un peu de temps car je n’étais pas assez à l’extérieur. Cet après-midi, j’étais totalement à l’extérieur et je n’ai pas dû le gêner car il allait quasiment tout droit quand il m’a presque touché. »

Ndlr : Pol Espargaró reproche bien à Johann Zarco l’incident du matin, pas celui de l’après-midi.

Avez-vous la possibilité d’utiliser le même système que Jack Miller qui abaisse l’arrière de la moto ?

« Si je performe bien durant les courses, Gigi Dall’Igna sera le premier pour fournir cela a un pilote rapide, mais tout d’abord, je dois me battre avec les gars de tête ou le bon groupe, car j’ai été un peu lent lors de la dernière course. Je dois apprendre des choses. Je pense que je peux obtenir ce genre de choses, mais je dois d’abord performer lors des courses. »

8/10 de mieux que la semaine dernière au même moment, ce n’est quand même pas mal…

« Oui, oui. Il y a eu un bon petit clic de passer en début de séance, et dû à ce clic il y a eu la chute mais sans gravité. On va dire que cela permet de passer du feeling. J’ai fait du « Vie ma vie » de Márquez : j’attaque, je tombe et le ré-attaque. Dès que j’ai pu faire ça, mon corps a moins forcé sur la moto et je suis remonté dans le classement, donc c’est plutôt intéressant. Il faut vraiment réussir à le répéter demain car c’est vraiment une séance importante pour préparer sa course, la FP3. »

Est-ce que les conditions de piste ont changé par rapport la semaine dernière ?

« Je pense que ce matin la piste était sans doute plus performante car j’ai la sensation qu’il faisait un peu plus frais que vendredi dernier. Vendredi dernier, on était tous chauds du mercredi. Là, même si on n’a pas roulé pendant quatre jours, c’était vraiment intéressant d’avoir une piste fraîche avec une bonne adhérence, le corps frais et les dernières sensations qui remontaient aux derniers tours de la course, où il fait chaud, tu es fatigué, et les pneus sont usés. D’avoir ces trois éléments à l’opposé, ça donnait beaucoup de plaisir sur la moto et certains sont déjà allés très vite, comme Viñales et Rossi qui ont fait de bons chronos. On ne peut jamais être sûr d’aller en Q2 mais ils se sont bien placés quand même. La piste était bonne et, cet après-midi, dès qu’il fait chaud, tu sens que la moto ne répond pas pareil. Parfois, c’est difficile de pouvoir être performant dans ces moments-là , donc là, mon après-midi a été plutôt cool mais après ça ne suffit pas pour se dire que la course sera bonne. »

Il paraît qu’il va faire encore plus chaud dimanche que la semaine dernière. C’est quelque chose qui t’inquiète physiquement ?

« Je ne sais pas si j’ai vraiment subi la chaleur ou si j’ai un manque d’aisance sur la moto, mais pour l’instant je pense que ce qui m’use physiquement, c’est de ne pas encore réussir à avoir la bonne confiance et placer la moto comme il faut à tous les tours pour qu’elle soit performante. Après, la chaleur, je sue beaucoup et le camel bag sert bien. Donc à voir, mais de toute façon je suis prêt à transpirer et je récupère bien chaque nuit : je m’endors tôt et je me lève assez tôt, et c’est comme ça que tu régénères l’énergie. »

Tu as fait des excellents chronos derrière les deux Petronas. Aurais-tu pu faire pareil tout seul et, sinon, où cela te permet-il de gagner du temps : au freinage, dans les trajectoires ?

« On va dire que seul, non, je n’aurais pas fait ces chronos là, même si j’ai eu des chronos en 38.3 seul, ce qui n’était pas non plus pourri. Mais ce 37.8, quand tu as quelqu’un devant, on va dire que cela te permet de gagner du temps au freinage sans pour autant en perdre à la sortie. Quand tu es seul, si tu essaies de gagner du temps au freinage, tu te sors souvent. Là, au moins, tu as un point de repère qui te permet de rentrer au bon moment et de garder la même vitesse. Ça sert surtout à ça : une belle entrée, et une bonne vitesse pour au moins assurer de sortir. »

Classement FP2 du Grand Prix d’Andalousie MotoGP :

Classement combiné FP1/FP2 du Grand Prix d’Andalousie MotoGP :

Crédit classement : MotoGP.com