Il fut un temps où le Championnat du Monde avait pris une tournure vraiment internationale avec l’arrivée des pilotes américains en Grands Prix. Kenny Roberts fut le pionnier dans ce domaine, quand il décrocha le titre 500 cm3 en 1978 sur une Yamaha, avant de renouveler son exploit en 1979 et 1980.

L’évènement eu de telles répercussions médiatiques aux États-Unis que Freddie Spencer pris la suite de Kenny et remporta le titre 500 en 1983 et 1985 (plus le titre 250 cm3 en 1985). Eddie Lawson s’imposa également en 1984, 1986, 1988 et 1989. Wayne Rainey s’empara à son tour du titre mondial de 1990 à 1992, avant que Kevin Schwantz ne soit sacré en 1993. Le rythme diminua ensuite, ce qui n’empêcha nullement Kenny Roberts Junior de s’imposer en 2000, puis le regretté Nicky Hayden en 2006.

Depuis cette époque dorée, les pilotes américains se font de plus en plus rares sur les grilles de départ des Grands Prix. On vit quelques tentatives intéressantes, comme celles de Ben Spies, Colin Edwards et de John Hopkins. D’autres furent moins passionnantes, comme celles de Josh Herrin (coéquipier de Johann Zarco) en Moto2 et de Cameron Beaubier (coéquipier de Marc Márquez) en 125 cm3.

Selon Wayne Rainey, « L’Amérique était la force dominante à mon époque, et évidemment, beaucoup de choses ont changé ces 20 dernières années. Je pense que ce qui s’est passé, c’est que les fédérations nationales en Europe, en Italie et en Espagne, ont travaillé très dur sur leurs championnats nationaux, les élevant à un haut niveau. Ainsi, de très jeunes coureurs ont pu courir dans des catégories professionnelles. »

« C’était toujours le point fort de l’Amérique, le championnat national était à un très haut niveau. C’est pourquoi l’Amérique a été si forte dans le passé. Mais les choses changent. Les courses américaines ont été très fortes jusqu’à la fin de l’année 2008 environ. Puis DMG a acheté AMA Superbike, ils ont changé les règles, ils ont fait de la classe 600 cm3 le point fort du championnat. Le Superbike n’était plus la priorité. Cela a créé une certaine confusion, et cela a commencé le déclin en Amérique. Puis nous avons eu la crise financière et c’était au moment où l’Europe se concentrait sur ses championnats nationaux, sur les règles et les motos. Cela a été un grand succès. »

Il n’y a plus qu’un seul Américain cette année en GP : Joe Roberts en Moto2. John Hopkins en connaît les raisons. « Malheureusement, nous n’avons pas les structures et le soutien nécessaires en Amérique. Il manque le championnat national populaire comme tremplin. Il n’y a pas de véritable tremplin pour aller en MotoGP. Ces dix dernières années, nous avons eu des pilotes très talentueux en Amérique, mais il n’y avait pas de vrai championnat pour qu’ils puissent passer à l’étape suivante » analyse le pilote de 36 ans, qui a lui-même couru 112 fois en MotoGP.

« Quand j’ai couru en Amérique et que j’ai fait le saut en MotoGP, le Championnat Américain de Superbike était l’un des plus forts au monde. Tous les constructeurs étaient impliqués, les salaires étaient extrêmement élevés. »

« La présentation était aussi complètement différente, il y avait une grande couverture télévisée de sorte que l’attention était générée. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. MotoAmerica essaie de le reconstruire. Malheureusement, ils n’ont pas les moyens de faire de la publicité, de la télévision et des choses comme ça. »

« Donc bien sûr, il est difficile pour tout le monde de mettre de l’argent là-dedans et de faire de grandes choses. L’Amérique est un grand pays avec beaucoup de talents, mais le marché n’est pas là pour le moment. »

« Par exemple, il y a beaucoup d’enthousiasme pour les motos en Indonésie, et l’industrie de la moto en Grande-Bretagne est énorme aussi. Pour nous, cela se limite principalement à la Harley Davidson. Il n’y a pas beaucoup de choses qui se passent quand il s’agit de motos sportives. »

Pour Kenny Roberts, « Beaucoup de temps s’est écoulé sans qu’aucun jeune talent n’ait été formé. Il faudra donc beaucoup de temps avant que quelqu’un puisse s’élever et le veuille vraiment. Avant que je ne vienne en MotoGP, presque personne en Amérique ne voulait y aller. Cette histoire semble se répéter. »

Hopkins, Sepang MotoGP Tests, January 05

Photos © Suzuki Racing, Monster Energy

Source : Motorsport-total.com