Giorgio. Ils sont deux à l’appeler ainsi. Giampiero Sacchi, qui lui a fait faire ses débuts sur un Derbi 125 à Jerez en 2002, le jour de son 15ème anniversaire (« Le garçon est un phénomène », jura-t-il). Et Gigi Dall’Igna, qui s’est ensuite rapidement développé dans le département course d’Aprilia sous la direction de Jan Witteveen. Giorgio était écrit sur la carte d’identité du garçon de Majorque, mais Dorna, qui voyait déjà en lui l’avenir de la moto ibérique, a convaincu les parents Lorenzo, le père Chico et la mère Maria, de changer son nom. Depuis, ce gamin qui montait sur le podium en léchant un Chupa Chups en hommage à son sponsor, est devenu pour tout le monde Jorge.

Avec Dall’Igna, Lorenzo a remporté 2 Championnats du Monde en 250 cm3 avec Aprilia. Entre les deux l’accord a toujours été profond et ainsi, quand l’ingénieur de la Vénétie a quitté Aprilia pour Ducati, beaucoup pensaient que tôt ou tard il monterait à bord.

Pour Jorge, « Gigi est un ingénieur exceptionnel. Il veut gagner et a l’attitude d’un gagnant. Nous avons ça en commun ». C’est également Dall’Igna qui a amené les ailerons en MotoGP, alimentant la bataille aérodynamique dans la catégorie reine. « Si vous voulez gagner, vous devez faire quelque chose de mieux que vos adversaires. Si vous êtes un peu en retard sur la concurrence, vos désavantages augmentent.

« D’un autre côté, si vous êtes un précurseur [comme Gigi], alors vous aurez l’avantage de l’expérience sur l’adversaire avec la nouvelle technologie. Le succès est le résultat d’un bon travail. Tout ce qu’il crée est une conséquence de sa mentalité gagnante », souligne le Majorquin.

Quelle est la différence avec les ingénieurs de Yamaha ? « Je pense que la volonté de Gigi de gagner est plus grande, mais il est certain qu’il n’a pas encore remporté le Championnat du Monde MotoGP avec Ducati, c’est pourquoi il est très motivé.

« Nous sommes dans la même position, être gagnant est dans notre nature. C’est pourquoi c’est une très bonne combinaison », explique Lorenzo. « Maintenant, nous devons trouver la bonne façon d’en tirer le meilleur parti ».

Tout ceci nous remet en mémoire une interview de Gigi, effectuée en avril 2016 par Paolo Ianieri pour le compte de La Gazzetta dello Sport, dont voici quelques extraits :

Ingénieur Dall’Igna, a-t-il été plus facile de concevoir la Desmosedici ou de convaincre Lorenzo ?

« Honnêtement, avec Giorgio tout a été immédiatement clair : ce n’était pas une négociation compliquée, il y avait des détails et des considérations sur lesquelles raisonner, mais trouver l’harmonie a été facile ».

Vous avez connu Jorge quand il était presque un enfant ?

« Nous nous sommes rencontrés chez Derbi et il y a toujours eu une harmonie et une estime réciproques entre nous. De garçon, il est devenu un homme, mais l’estime est la même et cela nous a permis d’agir rapidement ».

Qui a fait le premier pas ?

« Nous nous sommes toujours parlés, je ne sais pas si c’était moi qui le cherchais ou vice versa, la relation entre nous n’a jamais été interrompue, même au-delà du travail ».

Avez-vous hésité ?

« C’est toujours compliqué d’ouvrir une porte et d’en fermer une autre, c’était aussi le cas pour moi avec l’Aprilia. J’imagine que Giorgio a d’excellentes relations avec beaucoup de gens chez Yamaha et qu’il a eu une réflexion profonde, non seulement pratique mais aussi sentimentale. Les liens personnels, cela rend les choses plus difficiles ».

Est-il le bon pilote pour Ducati ?

« J’ai toujours dit que je ne voulais pas d’excuses. Je ne veux pas penser que je n’ai pas de pilotes, maintenant j’en ai deux que je trouve bons, des champions potentiels, mais il est vrai que Iannone n’a jamais été champion, Dovizioso l’a été en 125 mais plus jamais ensuite. Je veux qu’un pilote soit Champion du Monde en MotoGP sans qu’il n’y ait de ma part ou de celle de Ducati la moindre excuse. »

Photos © Ducati, et La Gazzetta dello Sport (© RCS MediaGroup SpA) pour la photo époque Aprilia

Sources : Speedweek et La Gazzetta dello Sport