Jorge Lorenzo pourra dire qu’il a renoué avec la victoire en cette année 2020 si particulière. Une concrétisation singulière car pour de faux dans un Grand Prix virtuel à Silverstone. Mais la satisfaction était bien réelle. Et pour cause : il est venu, il a vu et il a vaincu, un style conquérant réservé au plus grand dans l’histoire. L’événement a-t-il réveillé quelque chose en Por Fuera ? On ne sait, mais avec cette dernière intervention, on voit bien que son humeur oscille entre l’intention de profiter de la vie et un manque de compétition latent titillé par une sortie de carrière par la petite porte, trop étroite pour lui…

Que pense exactement Jorge Lorenzo de sa situation actuelle ? Les observateurs disent qu’il est d’une humeur trop changeante pour être serein. Et ce n’est pas cette dernière sortie qui leur donnera tort. Dans un entretien au site motogp.com, il commence par assurer que sa vie actuelle est parfaite : « j’ai trouvé un compromis, mentalement, il ne me semble pas que je doive revenir ou que j’ai l’angoisse de retourner courir et de ressentir à nouveau toute cette pression. Bien que les bons moments, lorsque vous gagnez une course ou un championnat soient également incroyables. Ils fournissent un très grand bonheur difficile à trouver ailleurs ».

Il y a donc tout même un sentiment de vide. Qui amène à cette idée qui prend totalement à contre-pied l’image d’un pilote parfaitement à l’aise dans une retraite qui lui a fait tourner définitivement la page. Ainsi lorsqu’on lui demande comment il réagirait si une offre lui permettant sérieusement d’envisager de se battre pour un titre en MotoGP lui était soumise, il répond : « il est vrai que personne n’a décroché le téléphone et m’a appelé pour le faire. Je ne sais pas ce qui pourrait arriver si quelque chose comme ça se produisait. Si cela ne se produisait pas, je serais heureux de toute façon, mais si cela se produit bien sûr, j’écouterai ».

Il n’aurait cependant pas seulement une oreille attentive… « Si cette possibilité se produit je la prendrais pour essayer de gagner. Seulement si je vois cette possibilité très claire que je peux gagner le championnat ». Puis il tempère : « pour le moment, je vais très bien et je ne pense pas que cela va se produire, c’est bien comme ça ».

Au vu de la fiche de poste espéré, on devine Ducati, Suzuki et Yamaha. Ducati jure qu’il en a fini avec Por Fuera, chez Suzuki, les guidons sont pris, alors il reste la marque pour laquelle il est un pilote d’essai… « Ma priorité a toujours été de remporter le Championnat du Monde. Maintenant, j’ai un rôle totalement différent, et mon objectif est qu’un pilote Yamaha remporte le titre ». La mise au point faite, il fait un état des lieux de la M1 : « le fait est que la Yamaha n’a pas beaucoup changé depuis quatre ans. C’est positif dans un sens et négatif dans un autre. Positif parce que c’était une super moto quand je me battais pour le titre, mais de l’autre c’est mauvais car en quatre ans peu de choses ont changé. Cela a évolué à certains égards. Par exemple, le freinage de la moto est un peu plus ludique, on peut jouer plus avec et c’est moins rigide, je pense que c’est une bonne chose ».

« Le moteur de la Yamaha est assez similaire de celui de 2016 »

Mais ailleurs, c’est moins réjouissant : « le moteur ne s’est pas beaucoup amélioré. En comparant la télémétrie avec celle de ma moto de 2016 il n’y avait pas beaucoup de différence, donc je pense qu’en 2018 il y avait une grosse différence avec la Ducati, qui était la plus rapide, et la Honda, qui était un peu en retrait. 8 ou 10 km / h c’est trop, en ce sens je pense qu’il y avait une grosse marge. Je pense aussi qu’ils ont beaucoup amélioré ce point avec la moto 2019, en termes de puissance. Je dis donc que pour le bien et pour le mal, la moto est assez similaire à celle d’il y a quatre ans ».

Lorenzo révèle que s’il n’a pas beaucoup tourner avec la Yamaha, il a déjà apporté sa pierre à l’édifice. « A Sepang, j’ai roulé avec Maverick Viñales et dans les mêmes courbes, je pouvais voir que la nouvelle moto avait des problèmes pour s’arrêter. Quand je suis rentré au box, je leur ai dit ce que j’avais vu, et il semble qu’au cours du dernier jour et demi après mon commentaire, ils ont pu s’améliorer un peu dans ce domaine. Au Qatar, c’était beaucoup mieux. Je pense que c’était un commentaire positif qui les a un peu aidés » termine le quintuple Champion du Monde.