La rentrée en MotoGP n’est pas facile pour le manufacturier unique de la compétition qu’est Michelin. Lors des deux épreuves sur le Red Bull Ring la qualité de ses produits a été clairement mise en doute par des pilotes qui ont effectivement eu à connaître des chutes de performances en pleine course, jusqu’à devoir abandonner dans le cas flagrant d’Oliveira en Styrie. Lors du dernier rendez-vous à Silverstone, la colère et l’incompréhension sont montées d’un cran avec des demandes d’explication auxquelles Michelin va accéder lorsque les analyses auront été terminées. Et il faut qu’elles viennent vite car entre un manque de moyens que la crise sanitaire aurait provoqué et un favoritisme national pour Fabio Quartararo, les théories les plus folles commencent à circuler dans le paddock…
Les exemples se multiplient si bien que les incidents de parcours sont de moins en moins de l’ordre de l’exception pour ce qui est de la qualité des gommes Michelin en MotoGP. Lors des deux rendez vous autrichiens, Oliveira, Martin, Bagnaia, Marc Marquez et Valentino Rossi ont été assez critiques sur la tenue des pneus clermontois.
A Silverstone, la liste des mécontents a été aussi longe. Avec néanmoins un agacement plus marqué de la part des déçus. Bagnaia veut des explications, Rossi a senti que son pneu arrière se consumer après moins de dix tours, une échéance dans la compétition aussi regrettée par Nakagami qui n’est pourtant pas du genre à susciter la moindre polémique. Les autres pilotes Honda ont eu les mêmes maux, tandis que Jack Miller avait connu une baisse de performance lors des qualifications. Quant à Joan Mir, c’est plutôt le pneu avant qui l’a handicapé.
Tous disent que ce n’est pas le choix stratégique de la gomme qui a causé leur malheur, mais bel et bien la baisse de qualité de leur pneu. De là ressort le débat sur les pneus préchauffés, l’idée que Michelin n’a peut-être plus les moyens de sa mission du fait que l’entreprise aurait été économiquement durement impactée par la crise sanitaire voire qu’en temps qu’enseigne française, elle favoriserait la marche vers le titre du compatriote Fabio Quartararo.
Michelin assure avoir tous les moyens nécessaires pour comprendre
Sur ces deux derniers points, le patron de la compétition Piero Taramasso se montre ferme : Michelin va bien et du fait du choix aléatoire des pneus mis en place, il est impossible de favoriser ou de nuire à quiconque. Quant au reste, les analyses sont en cours et leurs résultats viendront. Dans le cas de Silverstone, Taramasso a commenté qu’entre un asphalte refait avant l’édition 2019 et qui a depuis évolué, et l’annulation de l’épreuve prévue en 2020, il avait été difficile d’anticiper la situation. La course de dimanche était la première avec la carcasse lancée la saison passée sur ce circuit. Il ajoute sur Motorsport.com : « nous avons tous les moyens nécessaires pour comprendre ce qui provoque ces changements soudains et retrouver un bon niveau de compétition, sans plaintes des pilotes ».
On attend donc les réponses après ce Grand Prix de Grande Bretagne historique puisque jamais six constructeurs différents ne s’étaient retrouvés aux six premières places d’un Grand Prix depuis 1972. Ce qui donne un vecteur d’analyse à Taramasso qui part de ce constat à propos des problèmes de ses pneus : « ce n’est pas lié à une moto particulière, parce que six marques différentes étaient dans le top 6 ». Michelin prendra donc sa part de responsabilités sur ce sujet sensible.