Ce qui n’était au départ pour Petrucci et KTM qu’une idée lancée à la cantonade se révèle être aujourd’hui un projet tout ce qu’il y a de plus sérieux. A cours d’opportunités en MotoGP et assuré d’être viré à la fin de l’année par une usine KTM dont le patron Stefan Pierer a clairement avoué son aversion pour les pilotes de grande taille sur sa RC16, l’idée de faire un Dakar sur une machine de la marque autrichienne a fait son chemin. L’occasion pour l’Italien de sortir des sentiers battus pour s’épanouir dans une catégorie où il excelle par ailleurs et notamment dans ses entrainements. Aujourd’hui, la perspective qu’il soit le premier pilote de Grand Prix à participer dans la classique des Rallyes-Raids apparait de plus en plus clairement…
La carrière de Danilo Petrucci est décidément originale. Il est arrivé en Grand Prix via directement le MotoGP après avoir été formé dans le paddock du Superbike. Il est devenu pilote officiel Ducati et il est un double vainqueur dans la catégorie reine, ce qui n’est pas rien. Et voilà qu’il se dirige vers les rallye-raids pour poursuivre son activité de pilote de course et représentant de la même usine KTM qui ne veut plus de lui sur sa RC16…
Une diversité qu’il rappelle d’ailleurs ainsi à la veille du Grand Prix de Grande Bretagne à Silverstone : « la première fois que j’ai couru ici, j’ai gagné, mais j’étais en Superstock donc un autre monde ». Et les nouveaux mondes, il va apparemment continuer à les découvrir : « je n’ai reçu aucune offre intéressante de Superbike, il vaut donc mieux continuer avec KTM, avec qui j’ai commencé à planifier un projet lié au Dakar. Honnêtement, c’est ce que je veux faire le plus. Maintenant, la prochaine étape est de s’asseoir à une table pour entrer les détails, mais, pour moi, c’est décidé ».
Donc pas de retour chez Ducati à l’horizon en WSBK. Mais du rallye-raid, avec qui plus est cet abord particulier du milieu… « J’ai parlé à des pilotes du monde du tout-terrain, ce qui est très différent de ma planète actuelle. Parfois tu dors dans une tente, tu te réveilles à quatre heures du matin pour commencer une spéciale à cinq : c’est quelque chose que j’aime et que j’ai envie de faire. En MotoGP, je me suis rendu compte qu’on passait plus de temps à regarder les données plutôt qu’à piloter, alors qu’ailleurs on pilote plus et on parle ou poste moins de photos ».
Petrucci : « le fait que KTM veuille toujours de moi avec eux me rend très heureux »
S’il envoie une pique à son paddock actuel, il n’en veut plus à KTM : « je pense que KTM avait des pressions liées à Raul Fernandez, qu’ils ne voulaient pas perdre, ce qui a conduit l’usine à bouger d’une manière qui n’était pas tout à fait correcte. Mais ensuite nous nous sommes retrouvés, et le fait qu’ils veuillent toujours de moi avec eux me rend très heureux. Personnellement, cette année, j’ai fait de mon mieux sur et en dehors de la piste, mais je suis le premier à dire que les résultats actuels ne sont bons ni pour moi ni pour KTM ».
Il termine en ayant conscience que c’est un nouveau défi qu’il aura à relever : « je pense que j’ai deux ou trois ans pour apprendre à être compétitif en tout-terrain, où peut-être mon corps peut être un avantage. Je ne sais pas si j’aurai des offres pour reprendre la piste à l’avenir, mais je n’oublierai certainement pas comment faire de la moto sur asphalte ». On rappellera que KTM a promis que la moto de rallye-raid de Petrucci serait aux couleurs de son actuelle équipe Tech3…