Pol Espargaró est un nom qui a été entendu sur un marché des pilotes qui s’est très bien adapté au télétravail. La preuve : la paire Suzuki a été confirmée en plein confinement… Mais l’actuel officiel KTM est sorti du chapeau lorsqu’il a été question de Honda, surtout, et de Ducati, un peu. KTM va donc devoir le surveiller et combler ses attentes qui sont légitimement fortes. La RC16 a beaucoup évolué depuis sa naissance, et notamment sous l’impulsion de pilotes venant d’autres horizons qui ont fait prendre conscience de certaines choses aux ingénieurs de Mattighofen. Parmi eux, Johann Zarco…

Pol Espargaró a une qualité qui a ses défauts : comme son frère Aleix, c’est un combattant né, si bien qu’il est expert dans l’art de dompter une moto. Mais la dresser, ce n’est pas l’apprivoiser. Elle reste sauvage et se soumet à son maître. Alors que la clé du succès passe plutôt par l’harmonie, l’osmose.

Le mérite en revient sans doute au pilote. Mais sur le long terme, c’est le projet constructeur qui en pâtit. Souvenez-vous du cas Stoner chez Ducati… Une situation qui, toute proportion gardée, a été celle de KTM pendant deux ans avec Pol Espargaró. Puis d’autres sensibilités sont arrivées. Qui ont été de puissants révélateurs.

Le premier d’entre eux est clairement identifié par l’Espagnol : « c’est d’abord Zarco qui nous a amenés à la réalité de la moto. KTM a cru en moi, mais ils ne savaient pas ce qui se passerait s’ils mettaient un pilote de premier plan. Nous avons réalisé que les résultats n’étaient pas mauvais, mais pas du niveau que beaucoup croyaient. Puis, avec l’arrivée de Dani Pedrosa, en tant que testeur, cela s’est confirmé et cela a mis en évidence les défaillances de la moto, les problèmes qu’elle a et c’était un autre coup dur pour l’équipe. »

« Fabio Quartararo a fait de meilleurs résultats avec la moto qu’il a laissée« 

« Même pour moi parce que je m’étais adapté aux problèmes, parce que je j’ai commencé un projet sur une moto qui était très, très difficile. Bien pire la moto que nous avons maintenant et qui a fait des progrès. Elle n’a plus rien à voir avec ça, c’est beaucoup mieux, et je ne me souviens plus de ces problèmes » reconnait Pol qui s’est aussi rendu compte d’une chose : « J’ai été sur la grille pendant deux ans avec une moto qui n’était pas au niveau, ça me met en colère. Mais j’ai toujours été très impliqué, j’ai tout donné. J’ai toujours demandé plus et j’ai essayé plus fort et j’ai grandi avec l’adversité. »

Sur Mundodeportivo, il revient sur l’échec de Johann Zarco : « peut-être que je n’étais pas assez valorisé pour faire des résultats, je n’étais plus le Pol d’avant. Je faisais sixième avec la Yamaha. Peut-être que Johann m’a sous-estimé et qu’il pensait que la KTM serait à un meilleur niveau. Mais il venait d’une moto complètement opposée, avec un pilotage très fin. La KTM est tout le contraire, radicale, très agressive. Il nous a rejoint, il ne s’est pas adapté, il n’a pas trouvé la moto qu’il attendait. KTM n’a pas trouvé le pilote qu’ils cherchaient et moi je faisais en plus de meilleurs résultats que lui. Quartararo a aussi fait en un an des meilleurs résultats avec la moto qu’il a laissée. »