C’est l’heure du bilan ! Comme chaque année depuis trois ans, Parlons MotoGP se lance dans une entreprise assez importante : dresser le bilan de chaque pilote à l’issue de la saison 2024, et ça commence tout de suite avec Dani Pedrosa et ses collègues remplaçants. Une bonne partie de l’hiver durant, nous allons remonter le classement à l’envers, jusqu’à parler en détail de la campagne du champion du monde. Vous êtes prêts ? C’est parti !
Le premier volet est traditionnellement réservé aux remplaçants et autres wild-cards, qui n’ont pas pu disputer l’entièreté de la saison. Ainsi, tous seront traités ici, dans l’ordre inverse du classement.
Une année de plus
Si quatre pilotes n’ont marqué aucun point, ils sont tout de même classés en fonction de leurs places d’arrivée et du nombre de courses disputées. Le 29e et dernier de cet exercice 2024 n’est autre que Michele Pirro, l’éternelle wild-card Ducati. À 38 ans déjà, Pirro a été chargé de remplacer Fabio Di Giannantonio lors du Grand Prix de la Solidarité à Barcelone, après la non-prolongation du court contrat d’Andrea Iannone. Il n’a pas brillé, mais là n’était pas l’important : il devait tester la GP23 une dernière fois afin de faire un retour aux ingénieurs, lui qui a déjà pu essayer la Desmosedici GP25 plus tôt dans la saison. Sa 20e place n’était donc pas significative, mais ça faisait plaisir de le voir une fois dans l’année au moins, comme c’est toujours le cas depuis 2014.
Discret
La wild-card la plus discrète, à mon sens, était incarnée par Lorenzo Savadori. D’habitude, il était au moins visible lorsqu’il testait pour Aprilia, mais cette année, nous ne l’avons jamais vu à l’écran. Il faut dire que ses résultats ne l’aident pas, malgré ses sept Grands Prix disputés. D’abord, il n’a jamais fait mieux que 20e en tant que testeur pour la firme de Noale, à l’occasion du GP d’Autriche. Puis, il fut rappelé – alors qu’il ne s’y attendait pas du tout – par Aprilia pour remplacer Miguel Oliveira chez Trackhouse Racing, du Japon jusqu’en Malaisie. Trois abandons consécutifs suivis d’une 18e place ne l’ont pas porté, c’est certain. Après, difficile de lui jeter la pierre ; comme avec les autres, je ne peux pas vraiment le critiquer car la progression d’Aprilia ces dernières années montre que lui aussi fait son job.
Le grand retour
Place au remplaçant qui a le plus fait parler de lui cette saison : Andrea Iannone. Écarté des circuits entre 2020 et 2024, il est revenu en WSBK avec succès. Lorsque Fabio Di Giannantonio s’est blessé, Valentino Rossi lui proposa de le remplacer en Malaisie, cinq ans après avoir roulé en MotoGP pour la dernière fois. Une occasion qui ne se refuse pas. Il a terminé 17e de la course principale, un résultat plutôt honorable, accompagné de témoignages intéressants concernant l’aérodynamique en MotoGP. Ça faisait plaisir de le revoir, mais l’expérience ne s’est pas prolongée à Barcelone pour la finale.
On l’avait déjà oublié
Au classement des champions du monde récents totalement oubliés, Remy Gardner règne en maître – quoi que Lorenzo Dalla Porta discute fort. Titré en Moto2 à l’issue de la saison 2021, l’Australien a échoué chez KTM Tech3 au plus haut niveau. Ceci conduisit à son éviction du programme sportif autrichien au bout d’un an à peine. Cela avait fait couler beaucoup d’encre, et, depuis, il tente de percer une deuxième fois avec Yamaha en WSBK. Son expérience récente en catégorie reine lui permit de revenir, le temps de trois courses, pour tester des pièces et accessoirement remplacer le titulaire Alex Rins encore blessé. Il n’a jamais fait mieux que 17e, mais il aurait été injuste d’en attendre beaucoup plus de sa part.
Auf wiedersehen
Paragraphe un peu plus court sur Stefan Bradl, wild-card et remplaçant Honda depuis très longtemps. J’ai déjà dédié un article à sa carrière, un intéressant morceau d’histoire qui illustre, malheureusement, les mauvaises décisions d’une équipe autrefois brillante. Aujourd’hui, je voudrais juste féliciter, une fois de plus, sa 14e place à Misano, qui montre que ses efforts pour la firme ailée étaient sincères jusqu’au bout. L’Allemand a fait six apparitions en 2024, ce qui est beaucoup comparé aux autres, mais c’est désormais terminé.
Un podium et puis s’en va
J’ai l’impression que l’une des phrases les plus importantes de l’année n’a pas du tout été relevée par le public. À l’issue du Grand Prix d’Espagne, que Dani Pedrosa a abandonné sur une chute, l’Espagnol annonçait ne plus vouloir prendre un départ. Ceci signifie que la carrière du triple champion du monde est (peut-être) terminée, 23 ans après. On sait comment ça marche avec les sportifs de haut-niveau : la compétition qui les a vu naître les rappelle toujours à l’ordre. Mais quand même ; à 39 ans, Dani serait légitime à raccrocher le cuir pour de bon. Quoi qu’il en soit, il a encore brillé, car avant de tomber à Jerez, il s’était classé troisième du Sprint suite au déclassement de Fabio Quartararo ! Il s’agit, sans surprise, de la meilleure position d’arrivée pour une wild-card cette saison.
Surprenant
Qui s’en est le mieux sorti parmi les non-titulaires ? Pol Espargaro ! On aurait tendance à l’oublier, mais lui aussi a très bien roulé pour KTM. Avec 12 points marqués, il se rapproche même dangereusement de Luca Marini (14 unités), alors qu’il n’a disputé que trois Grands Prix. Retraité fin 2023 après une année très difficile car marquée par une grosse blessure, « Pollycio » fut rappelé par la firme de Mattighofen au Mugello, pour tester. Puis, il remit le couvert en Autriche, où il jouissait d’une vitesse absolument incroyable, qui rivalisait presque avec celle de Pecco Bagnaia ! Une erreur en qualifications le condamna, et, après l’extinction des feux, l’âge ne l’a pas aidé. Mais il a tout de même terminé neuvième du Sprint et onzième de la course principale, excusez du peu. Plus tard, il fut rappelé pour Misano, où il se classa 10e à l’issue du premier Grand Prix. Assez surprenant.
Qu’avez-vous pensé des remplaçants et wild-cards de cette saison ? À qui attribueriez-vous votre palme ? Dites-le moi en commentaires !
Demain, nous étudierons en détail le cas de Luca Marini, dernier des engagés réguliers.
Pour rappel, cet article ne reflète que la pensée de son auteur, et pas de l’entièreté de la rédaction.
Photo de couverture : Michelin Motorsport