C’est un week-end parfait qu’ont vécu Jules et l’équipe de Christophe Guyot, avec la pole position arrachée de justesse, suivie d’une course magistrale qui vaut désormais aux Français d’occuper la première position au classement provisoire du Championnat du Monde. Jules Cluzel nous explique ici son week-end thaïlandais.

Tout d’abord, qu’as-tu pensé pour la pole position des écarts aussi réduits, 0.029 sur Randy Krummenacher et 0.089 sur Federico Caricasulo, les deux pilotes de l’équipe Evan Bros Bardahl Yamaha ?

« Ça fait partie de la course, il y a parfois de faibles écarts, et là c’était le cas. La configuration du circuit privilégie également des écarts minimes. Les deux pilotes Evan Bros sont rapides depuis le début de la saison. Ils ont cette régularité et cette facilité, et pour les battre, il faut tout donner.

« Et je ne peux pas mettre cinq dixièmes au deuxième ! Après, ça serait trop facile. En fait ça arrive rarement. Le principal était de partir en pole position, donc d’être le plus vite ».

Tu as réalisé un excellent départ, mais les autres te serraient ensuite de près. Quand Federico Caricasulo t’as doublé au dixième tour, tu l’as aussitôt repassé. Pourquoi as-tu voulu absolument conserver le commandement à ce moment-là ?

« Il fallait que je sente le niveau de Federico, mais que je ne prenne pas trop de risques. Je ne voulais pas non plus risquer de trop faire chauffer mon moteur à l‘aspiration.

« J’avais quelques difficultés pour tenir l’aspiration. J’étais plutôt pas mal à certains endroits – même bien mieux que lui – donc j’en ai profité pour le repasser et faire ce que je viens de te dire, c’est-à-dire ne pas faire chauffer excessivement le moteur et faire ma course avec les autres derrière. Je savais qu’on était un groupe de quatre, où on peut vite se faire gêner par un concurrent qui tente de doubler. Tu prends rapidement une seconde de retard, et je ne voulais pas être dans cette situation ».

D’après ton roulage sur longue distance le vendredi (meilleur tour en 1’37.641), puis le samedi en FP3 (1’37.601), lors du warm-up (1’37.614), on s’attendait de ta part à plusieurs tours en 1’37 en course, ce qui n’a pas été possible (le meilleur en 1’38.185). Quelle en est la raison ?

« Les conditions de piste. Tout simplement. J’ai parlé avec Krummenacher après la course et il m’a dit que pour lui c’était pareil : il n’avait pas le même feeling et c’était compliqué. Donc c’était général. Les conditions de piste ont nivelé le niveau de tout le monde. Pour les pilotes qui comme moi arrivaient à tourner en 1’37 régulier, ce n’était plus le cas. Et ceux qui étaient en 38 sont restés en 38 parce que c’étaient des conditions pour faire du 38 (rire).

« L’important c’est que je gagne la course. Je pense que c’était moi qui avait le meilleur rythme parce qu’en tout cas personne ne m’a vraiment doublé et réussi à s’échapper.

« On était bien. Il manquait quelques petits détails sur lesquels on va travailler avec l’équipe pour continuer de progresser. »

Tes deux principaux adversaires Randy Krummenacher et Federico Caricasulo font partie de la même équipe. Est-ce un avantage ou un inconvénient pour toi ?

« On en reparlera à la fin de l’année. Je pense qu’il y a de la tension parce que les deux peuvent jouer la victoire et le championnat. J’ai déjà ressenti de la tension entre les deux, donc tant mieux pour moi. »

Dans quels domaines de pilotage es-tu plus fort que Krummenacher et Caricasulo ? Ton expérience, par exemple avec des motos différentes, est-elle un avantage ?

« Je ne suis pas très bien placé pour répondre à cette question. Peut-être faudrait-il demander à quelqu’un de l’extérieur, comme Christophe (Guyot). Mais mes points forts sont toujours les mêmes : Je freine tard et fort. Mes qualités sont mon expérience et ma régularité.

« J’arrive à enchaîner des tours précis sans faire d’erreurs. Bon, je dis ça mais peut-être qu’à la prochaine je ferai une erreur, mais ça fait malheureusement partie de la course. Je pense que ce sont mes qualités depuis quelques années ».

Ta R6 semblait à la peine en Australie face à tes adversaires, mais pas en Thaïlande. Comment une telle progression est-elle survenue ?

« L’équipe a travaillé entre les deux courses et a trouvé des solutions techniques qui se sont concrétisées dès la FP1 (première séance d’essais libres) le vendredi matin. On n’a presque pas touché la moto pendant toutes les séances. Ça veut dire qu’on n’est pas loin d’avoir une bonne base, donc je suis vraiment content.

« Phillip Island est un circuit spécial, où on n’était pas bien comme tu l’as dit, pour plusieurs raisons. Mais je pense qu’aujourd’hui on les a comprises. On est partis de l’Australie avec 20 points, ce qui n’était pas si mal. »

Résultats de la course de Buriram :

Classement provisoire du Championnat du Monde :

Photos © Yamaha Racing, GMT94, worldsbk.com